Il y a des rencontres Mode qui changent votre vision de l’industrie et vous redonnent de l’espoir. C’est le cas de celle que nous avons eue avec Abelle, une toute jeune marque charentaise fondée et pensée par un maestro de l’habit à la française : Jean-Baptiste Dodin.
Une longue histoire d’amour du savoir-faire français
Élevé au sein des vignes charentaises dédiées à la distillation et au vieillissement du Cognac, le fondateur d’Abelle a hérité de ce goût du luxe et des choses bien faites. Cependant, à l’instar de sa sœur qui reprend les rênes de l’activité familiale, Jean-Baptiste décide de mettre à l’honneur son terroir à sa manière : en créant, grâce à son talent pour le dessin, des collections de vêtements qui mettent en lumière le patrimoine historique, folklorique et culturel de sa chère Charente.
Le site Abelle
Cependant, avant de s’ancrer dans sa région natale, Jean-Baptiste se forme aux quatre coins de l’Europe et s’imprègne de cultures, de savoir-faire et de savoir-vivre différents. Son périple d’apprentissage débute à Nantes où il poursuit des études de design industriel puis se spécialise dans le design de mode à Liverpool (Angleterre). La suite se déroule à Katowice (Pologne) où il travaille pour différentes marques puis part finir ses études à Paris à l’Institut Français de la Mode. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de mettre ses compétences à profit de Kenzo en tant qu’assistant styliste pour le prêt-à-porter féminin. Entre-temps, l’idée de poser les bases de sa propre indépendance entrepreneuriale germe…
Le site Abelle
Porter l’histoire de nos ancêtres ou quand le désuet devient trendy
La Charente a un patrimoine incroyable et malheureusement les personnes de ma génération ont tendance à l’oublier.
Afin d’y parvenir, Jean-Baptiste parcourt les brocantes des villes de sa région (Angoulême, Cognac, La Rochelle, Royan…), où il puise son inspiration pour la coupe, les motifs ou les imprimés de ses vêtements grâce aux détails composants les meubles, les cartes postales, des bijoux ou les faïences qu’il chine. Chaque collection est ensuite pensée autour d’un univers ou d’un lieu typiquement charentais. Par exemple, la première collection s’intitulant “Rochefort” a été pensée comme un clin d’œil à Jacques Demy et à ses Demoiselles de Rochefort. Elle mettait donc en avant des couleurs pop telles que le rose et le jaune.
Le site Abelle
Au fil des créations
À l’image du surnom dont il a écopé en Grande Bretagne, l’Abeille – qui s’écrit Abelle en patois saintongeais – joue attentivement son rôle de protecteur au sein de l’écosystème dans lequel il évolue. Et bien que la perfection n’existe pas, nous sommes tout de même bien tentés d’y croire après avoir exploré les dessous de la confection de ses vêtements !
De l’importance du travail en équipe
Parce qu’Abelle a compris qu’un bon projet n’a que peu de chance de se concrétiser seul, Jean-Baptiste, réussit l’exploit de réunir les incroyables talents de nos contrées. Porter un de ses vêtements, c’est donc perpétuer et ramener à la vie l’histoire charentaise mais aussi contribuer au rayonnement du savoir-faire de nos artisans. En effet, tout commence par le prototypage, dont Jean-Baptiste se charge au sein même de son atelier. Puis, le patronage est peaufiné par un modéliste de renom. Une fois finalisé, la découpe des tissus, précise et technique est faite par le même groupe s’occupant de Louis Vuitton ou de Lacoste…
Mais la véritable magie réside dans l’assemblage et le montage des pièces réalisé en Charente-Maritime par un groupe de mamies à la retraite ! L’incroyable avantage de ces petites mains qui travaillent à la demande, c’est qu’il vous suffit d’indiquer vos mensurations lors d’une commande pour recevoir une pièce adaptée à votre corps. Bien que les modèles soient déjà pensés pour mettre en valeur nos courbes comme l’explique Jean-Baptiste : “Les mannequins qui font une taille 34 pour 1m80, je déteste ça. Donc je travaille comme un forcené pour que les modèles soient le plus ajustés à des corps de femmes”.
Le site Abelle
Quant aux accessoires, qui pour l’instant se font discrets sur la boutique en ligne, ils arrivent doucement et c’est avec impatience que nous attendons d’acquérir les bijoux de Clémence, une artisane qui travaille ses matières premières depuis son atelier à Cognac ou les escarpins en cuir de raisin fabriqués par l’un des trois seuls créateurs de chaussures restant en France…
Vivre de nature et d’eau fraîche, on en avait entendu parler. Abelle nous l’a prouvé
Pour la femme indépendante, destinée et engagée à faire quelque chose de bien, Abelle a tout prévu, de l’inspiration à la main d’oeuvre en passant par les ressources textiles, chaque rouage est parfaitement huilé… À commencer par les matières textiles, choisies pour la très large majorité en France telle que le lin, le chanvre mais aussi la dentelle et ce jusqu’au fil de monture pour les boutons ! Et même lorsque cela paraît impossible, Jean-Baptiste trouve toujours une façon d’intégrer notre patrimoine à des technologies brevetées comme cela est le cas pour le Tencel, une matière pensée par les Autrichiens et issue de la pulpe de bois, à laquelle il est parvenu grâce à ses négociations à y ajouter 30 % de lin français.
Quant au clou du spectacle – qui termine de nous convaincre que ce vestiaire est un bijou à garder pour les transmettre – il réside dans le processus tinctorial. Grâce à un petit laboratoire d’expérimentation, Abelle réalise ses propres teintures comme c’est le cas pour cette pièce dont la douce couleur grège est obtenue grâce à la peau et aux noyaux d’avocats récupérés auprès des restaurateurs locaux.
Le site Abelle
Concernant les fameux motifs s’inspirant des faïences charentaises, ils sont obtenus grâce à un mélange d’argiles bleus et vert, vous assurant ainsi une totale sécurité lors du port de ces pièces et une satisfaction intense de porter à même la peau les couleurs de la nature.
Je crois qu’il n’en faut pas plus pour vous convaincre de la beauté de cette maison qui a un bel avenir devant elle.
