La traçabilité permet de savoir quand, où, comment et par qui un produit a été fabriqué. Il s’agit d’un enjeu de transparence auquel les marques ne peuvent pas se soustraire [1]. Elles ont l’obligation d’examiner leur chaîne d’approvisionnement et d’apporter des solutions aux problèmes sociaux et environnementaux qu’elles constatent. De plus, le nouveau cadre légal posé par la loi AGEC pousse les marques à renforcer leurs exigences en matière de traçabilité, et à communiquer ces informations aux client·e·s, notamment via une méthode d’affichage environnemental. Pour aider les marques qui ne peuvent, bien sûr, pas assurer seules l’analyse complète de leurs chaînes d’approvisionnement et de fabrication, voici 5 start-ups qui révolutionnent la traçabilité dans la mode, à découvrir sur l’édition de février de Première Vision Paris.
Les enjeux de la traçabilité dans la mode
Pas de mode vraiment durable sans traçabilité. Pour savoir si un vêtement est responsable, il faut être certain·e de savoir d’où il vient et comment il est fait.
Dans la mode, industrie totalement mondialisée, la production est le plus souvent éclatée à travers les continents. Chaque étape de la fabrication d’un vêtement, de la culture des matières premières, à la filature en passant par le tissage, la teinture, le découpage et la confection, peut être réalisée dans un pays différent. Les chaînes de production sont considérablement complexifiées, et les pistes sont brouillées. Néanmoins, sans traçabilité, aucun moyen ni pour les marques ni pour les consommateur·e·s de s’assurer qu’un produit est responsable et qu’il correspond bien aux valeurs qu’ils et elles jugent importantes.
La traçabilité : indispensable pour repérer et solutionner les problèmes dans la chaîne de fabrication
Toutes les sources de pollution (tout comme les potentiels problèmes sociaux) liées à la fabrication d’un vêtement ne sont pas identifiables au premier coup d’œil. Autrement dit, pour faire un vêtement responsable, il ne suffit pas de s’approvisionner en matières naturelles bio ou recyclées et de produire en Europe .
Certaines sources de pollution sont difficiles à identifier. On pense, par exemple, aux émissions de CO2 liées à l’énergie requise pour la production d’un vêtement. Pour réellement les évaluer, il est nécessaire de réaliser une analyse poussée et continue de toute la chaîne de production.
La traçabilité : une nouvelle obligation pour les marques dans le cadre de la loi AGEC
Promulguée en 2020, la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) entre doucement en application. Elle vise à mieux informer les consommateur·ice·s sur l’empreinte écologique des produits qu’ils et elles achètent.
En ce qui concerne l’industrie de la mode, les marques doivent en théorie depuis janvier 2023, mettre à disposition des client·e·s une fiche produit dématérialisée détaillant les qualités et les caractéristiques environnementales de leurs produits.
En d’autres termes, la loi AGEC oblige donc désormais les marques à faire preuve de transparence vis-à-vis de leur clientèle. En boutique, les marques de vêtements (mais aussi le linge de maison) devront donc afficher pour chaque pièce des informations relatives à l’origine des matières, conventionnelles comme innovantes. La mention “Made in” devra aussi être détaillée et spécifier le lieu de tissage ou de tricotage, le lieu de teinture ou d’impression ainsi que le lieu de confection ou d’assemblage final du produit.
La transparence n’est pas complète, mais ce nouveau cadre légal pousse au moins les marques à s’intéresser plus en détail à leur chaîne de production.
5 start-ups pionnières et innovantes pour plus de traçabilité dans la mode
Les 7, 8 et 9 février 2023, Première Vision Paris accueillera et présentera 5 jeunes entreprises européennes capables de proposer aux professionnel·le·s du secteur des solutions de pointe pour leur permettre de tracer l’historique de la chaîne de production, mais aussi de communiquer les bonnes informations aux consommateur·ice·s.
©Anna&Jacques
Fairly Made
Fondée en 2018 par deux anciennes acheteuses de chez Chanel et Louis Vuitton, la startup française Fairly Made est une entreprise à mission qui aide les acteurs de la mode à mesurer leur impact environnemental et social mais aussi à le communiquer à leurs client·e·s.
Après avoir étudié toute la chaîne de production d’un produit, Fairly Made restitue les informations aux consommateur·ice·s via un QR code scannable en boutique. Les marques peuvent ainsi prendre conscience de leurs impacts, et les client·e·s peuvent, par la même occasion, bénéficier d’une transparence quasi parfaite. L’entreprise est toute jeune mais elle compte déjà plusieurs marques du groupe LVMH, mais aussi celles du groupe SMCP parmi ses clients !
Rencontrez Fairly Made sur l’espace Smart Tech les 7, 8 et 9 février 2023 au Parc des expositions de Villepinte sur l’édition de Première Vision Paris
Belharra numérique
Acteur unique en son genre, Belharra numérique a créé sa propre application, baptisée e-SCM. L’objectif : permettre aux marques de mode de retracer, comprendre, contrôler et optimiser leur chaîne d’approvisionnement. Belharra pense aussi aux consommateur·ice·s. Pour chaque produit analysé, la startup génère un “passeport numérique produit” que chaque client·e· peut consulter en boutique via un QR code. Une belle manière pour les marques de communiquer leurs engagements, leur sérieux et de montrer patte blanche à des consommateurs et consommatrices plus conscient·e·s et exigeant·e·s. Parmi les marques qui utilisent déjà e-SCM, on trouve Jott, Hummel, The Kooples, Petit Bateau, Aigle, Rip Curl ou encore Eden Park.
Retraced
La startup allemande Retraced permet aux marques de gérer et de contrôler leurs normes de fabrication. Pour assurer la traçabilité des produits jusqu’à la fabrication des matières premières, Retraced mise sur la technologie blockchain.
La solution permet d’analyser à la fois les conditions de travail, les matériaux, les certifications et l’impact environnemental du produit à chaque étape de sa fabrication. L’objectif est double : ces analyses permettent, in fine, aux marques d’améliorer et d’optimiser leurs modes de fabrication mais aussi de nouer une relation de confiance plus forte avec les consommateurs et consommatrices si elles décident de mettre à leur disposition ces informations. Retraced a notamment gagné un German Sustainability Award en 2019.
Aware™
La baseline de cette startup néerlandaise : “The true story of recycled fabrics”. Aware™ injecte des traceurs dans des fibres de coton recyclé brut, puis utilise la blockchain pour suivre l’évolution du matériau. Un jumeau digital (NFT) de la fibre est alors créé et encrypté. L’objectif : garantir que les fibres recyclées qui entrent dans la chaîne d’approvisionnement sont bien les mêmes que celles qu’on retrouve sur le produit final. En sortie d’usine ou en boutique, le produit final peut être scanné afin de confirmer sa teneur en matériaux recyclés certifiés.
CrystalChain
CrystalChain est une startup pionnière dans l’utilisation de la blockchain au service de la traçabilité. Elle a mis sur pied une blockchain qui recense une information sécurisée et complète quant à la provenance des matières premières et toutes les étapes de fabrication d’un produit. En une seule plateforme sécurisée, elle offre aux marques une solution complète qui comprend des outils de traçabilité mais aussi une interface de communication avec les fournisseurs et avec le ou la client·e final·e qui peut alors, à partir du vêtement acheté en boutique, remonter le fil jusqu’à la matière première.
merci pour tous ces détails sur ce nouvel aspect de la supply chain.
More to come ! Merci à vous 🙂