Greenwash danger zone : rapport greenpeach

Un rapport accablant de Greenpeace révèle les techniques de Greenwashing de la mode

Face à la production insoutenable de vêtements, Greenpeace publie un rapport pointant du doigt plusieurs grandes marques pour la dissimulation de l’impact environnemental réel de leurs produits et pour leurs allégations écologiques trompeuses. Au menu : manque de transparence, valorisation du plastique sous couvert de recyclage et faux labels écologiques. 

Un rappel de Greenpeace : la mode pollue et n’évolue pas tellement 

Dans son rapport, Greenpeace rappelle d’emblée que l’industrie textile mondiale se caractérise par de graves impacts environnementaux et sociaux négatifs. 

  • L’industrie textile est responsable de 5 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont 85 % proviennent directement de la chaîne d’approvisionnement, principalement située dans les pays du Sud.
  • Outre la consommation colossale d’eau servant à la production textile (93 milliards de mètres cubes par an), cette eau est par ailleurs fortement polluée : l’utilisation intensive de pesticides et d’engrais artificiels nuit à l’environnement et entraîne la disparition d’espèces, le lessivage des sols et l’acidification des eaux. 
  • Seule une petite partie des vêtements mis au rebut est recyclée. La majeure partie est incinérée dans les pays du Nord ou exportée vers le Sud, où elle inonde les marchés du textile, est brûlée ou mise en décharge. Dans le monde, un camion de vêtements est incinéré ou mis en décharge toutes les secondes.

Cover etude de Greenpeace : greenwash danger zone

La communication des marques : la tromperie derrière les promesses de durabilité

Le rapport révèle au grand jour les ressorts du greenwashing pratiqué par les marques.

Le polyester, même recyclé : ennemi n°1 de la durabilité

Le polyester recyclé, vanté comme une victoire pour la durabilité, s’avère être un mythe. Seuls 3 % des vêtements sont réellement fabriqués à partir de matériaux recyclés, la plupart finissent incinérés ou jetés. Le problème principal réside dans le fait que le discours sur la circularité mis en avant par les marques s’appuie en grande partie sur le recyclage des bouteilles en plastique en PET. Or, le polyester incarne la dépendance de la mode à l’industrie du pétrole. Même recyclé, il participe à la création de déchets plastiques et la libération de fibres microplastiques dans l’air, l’eau et le sol. 

Formulé en d’autres termes, une marque qui proposerait une collection entièrement en polyester recyclé ne pourrait pas véritablement se vanter de produire une mode durable et respectueuse de l’environnement.

Lire notre article : Le polyester recyclé est-il durable ?

déchets-bouteilles-plastique

Le refus de transparence 

Manifestement au nom de la confidentialité, de nombreuses marques (comme par exemple Puma ou H&M) sont réticentes à communiquer les informations les plus élémentaires (le volume de chaque matière utilisée ainsi que leurs pourcentages) qui permettraient d’établir une base de référence pour les impacts des matériaux utilisés, ou n’en communiquent alors qu’une partie (les pourcentages des différents matériaux, mais pas les volumes). Ces informations de base sur les volumes de matériaux sont rarement communiquées par les marques et ne sont même pas exigées dans le cadre des mesures de reporting les plus couramment utilisées. Pourtant, l’ONG le souligne, ces informations sont tout aussi importantes que les rapports sur les émissions de gaz à effet de serre et devraient constituer la base des déclarations de durabilité. Elles pourraient permettre de suivre de manière transparente l’ampleur de l’impact des marques, de mesurer les progrès réalisés en matière de ralentissement des flux et de suivre d’année en année l’évolution vers des matériaux de meilleure qualité.

Le problème des faux labels auto-administrés

Nombreuses sont les marques qui proposent un récit alternatif et trompeur sur la circularité et le recyclage. L’ONG souligne que ces marques installent un storytelling qui vise à effacer l’impact polluant de leurs chaînes d’approvisionnement, notamment grâce à des label auto-administrés. On pense, par exemple, au faux label “Ready for the Future” de Boohoo. Derrière le titre qui semble clair, il n’y a pas d’engagements réels. Les critères flous bénéficient largement aux marques qui les inventent. D’après le journal The Independent qui a réalisé une étude de toute la collection “Ready for the Future” de Boohoo, au moins une centaine de modèles labellisés ne respectent même pas les critères environnementaux que la marque s’impose à elle-même à travers ce label.

Dans le rapport, parmi les principaux accusés, on trouve :

  • H&M et son label “H&M Conscious”
  • Mango et son label “Mango Committed”
  • Primark et les produits labélisés “Primark Cares”
  • Le label “Tesco F&F Made Faithfully”, surtout présent au Royaume-Uni
  • Le label “Zara Join Life”, pour la marque phare du groupe Inditex

A chaque fois, ces labels dissimulent du vide. L’étude de Greenpeace montre qu’il n’existe aucune ou quasi-aucune transparence sur la chaîne de production de ces marques qui permettrait de valider le sérieux de ces labels.

faux labels eco-conscious

Ces faux labels sans contrôle sans dangereux et un avatar quasi parfait du greenwashing puisqu’ils visent uniquement à améliorer l’image d’une marque auprès des consommateur·ice·s sans pour autant lui imposer des changements concrets dans sa chaîne de production. La durabilité devient ainsi un objectif de communication.

Les recommandations Greenpeace à destination des marques

Greenpeace pointe du doigt des pratiques dangereuses, mais propose aussi une série de pistes de solutions. Des manières de résoudre le problème, pour que les consommateur·rice·s sachent quoi exiger des marques, et que ces dernières ne puissent pas dire qu’elles ne savaient pas quoi faire ! 

  1. Réduire le volume de production de vêtements conçus pour être de meilleure qualité, durables, réparables et réutilisables. Pour que les entreprises de mode respectent leurs engagements écologiques, elles doivent nécessairement réduire la production de vêtements.
  2. Ne pas mettre sur le marché des textiles qui ne peuvent pas être recyclés dans des systèmes de recyclage facilement accessibles. C’est le cas, par exemple, des mélanges de fibres qui ne peuvent pas être séparées aisément. A date, il n’existe pas de système de séparation des fibres déployé à très grande échelle.
  3. Prendre la responsabilité de mettre en place des systèmes et des services de reprise pour entretenir, réparer et partager les vêtements.
  4. Se fixer comme objectif 2035 de ne fabriquer qu’environ 40 % des vêtements, et de compter ainsi sur les systèmes alternatifs (réparation, occasion, location, partage) pour les 60 % restants.
  5. Davantage de transparence : publier des données sur les volumes de chaque catégorie de matériaux utilisés chaque année dans son rapport GRI, et suivre les progrès réalisés d’une année sur l’autre.
  6. Une fois cette base de référence établie, fixer des objectifs significatifs pour les meilleures options environnementales vérifiées de manière indépendante pour les choix de matériaux.
  7. Élaborer des communications avec les client·e·s sur la base de tous les éléments susmentionnés, afin d’éviter le greenwashing.

 

Pour en savoir plus : lire l’étude de Greenpeace “Greenwash Danger Zone”

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