Article construit en partenariat avec Second Sew
De La Nappe De Mamie Aux Vêtements Pour Baby
Les écologistes ont souvent une sensibilité qui leur donne une longueur d’avance. Si Camille Brun-Jeckel n’avait pas anticipé le confinement, elle a compris très vite que l’on avait trop de tout, qu’il serait contradictoire d’habiller nos enfants avec des vêtements qui polluent leur planète et que la solidarité nationale est un rempart contre les crises : sanitaires, sociales ou environnementales. Elle a créé Second Sew, une marque d’upcycling pour 0 – 4 ans dans le respect de ses intuitions et de ses valeurs.
« Faire avec ce qu’on a »
Cette expression est devenu le mantra de nos dernières semaines. Le monde est à l’arrêt. En dehors des denrées alimentaires et des dispositifs médicaux, rien de matériel qui ne soit vital n’est produit. Les usines de textile sont fermées, celles qui rouvrent timidement en Chine sont au chômage technique faute de clients [1]. Il y a fort à parier qu’un climat de méfiance règnera sur nos échanges internationaux lorsque les frontières seront à nouveau ouvertes. Un être-vivant microscopique a créé un chaos et redistribue les cartes de l’échiquier mondial. On reconsidère nos propres ressources et une solidarité nationale qu’on avait remisée au placard.
Nos placards ? On ne les a jamais autant chéri. On fabrique son pain, on range, on trie, on redécouvre des nappes et draps oubliés datant de trois générations. On réalise aussi que l’on a trop de tout. Des achats neufs ou la publicité : rien de ce qui faisait nos habitudes jusqu’à il y a peu ne semble nous manquer.
Les choses ne sont pas importantes parce qu’elles sont nouvelles mais parce qu’on s’y intéresse.
Mark Haddon – Le bizarre incident du chien pendant la nuit
Bien au contraire, on s’attache à redonner de la valeur à l’existant et une autre dimension à nos relations aux objets.
Bloomers upcyclés – Second Sew
Deuxième vie
Les histoires et la qualité portées par le linge de maison sont la matière première de Second Sew, la marque de Camille, une amoureuse des brocantes, des pièces vintage, des textiles anciens. Elle qui travaillait dans la communication n’avait pas envisagé créer sa société, encore moins une marque de vêtements.
Lors de sa première grossesse, elle s’interroge : comment œuvrer pour que sa fille soit fière d’elle ? Les alternatives écologiques aux vêtements pour enfants sont rares, entre le neuf fait principalement de coton bio et la seconde main peu développée, l’upcycling est une piste encore inexplorée.
Le chemin de Second Sew se dessine entre une passion et une nécessité : créer une marque de vêtements pour enfants qui n’intoxique par l’environnement dans lequel ils grandissent, la plus vertueuse qui soit. Elle se met en lien avec le relai Emmaüs à la recherche de nappes, draps, rideaux : tout linge de maison ancien, souvent riche en motifs uniques et robustes, dans lequel découper des pièces durables et originales pour petits. Parfois elle rentre bredouille, d’autres jours avec 15 kilos de matières comme un trésor sur les bras. Les stocks sont renouvelés quotidiennement par les dons et ne tarissent jamais.
Camille chine, lave elle-même à 60 degrés avec une lessive faite maison, patronne, découpe, prototype et assemble ses premières créations chez elle. Un des premiers modèles est réalisé à partir d’une robe de sa propre maman, qu’elle-même a portée. La pièce a d’emblée une valeur sentimentale bien supérieure à n’importe quelle autre sur le marché du neuf. Second Sew écrit sa propre histoire en continuité avec celle des tissus ré-utilisés et crée des vêtements voués à être passés au sein des fratries.
Social Business
En complément de ses considérations environnementales, le volet social est une évidence. Lorsque le volume des commandes dépasse ses capacités de production, Camille se tourne immédiatement vers des ateliers qui soutiennent des citoyens en difficulté. Ses recherches l’amènent à Calais dans un A.C.I (Atelier Chantier d’Insertion) où elle rencontre Angélique qui encadre une équipe de travailleurs. Il s’agit alors principalement de chantiers du bâtiment, dans lesquels on trouve une majorité d’hommes. Angélique travaille à développer un atelier de couture pour permettre l’intégration d’un grand nombre de femmes.
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Aparté : comment fonctionne l’insertion sociale par le travail ?
Nous ne sommes pas spécialistes, mais voilà quelques notions simples : il s’agit d’accueillir une personne exclue du monde du travail et pas ou peu qualifiée, en difficulté de reconversion ou d’insertion socio-professionnelle (des chômeuse.eurs de longue date, des migrant.es, des personnes sans abris etc). La structure d’accueil leur propose un contrat à durée déterminée de 2 ans maximum qui les forme à un métier, puis les aide à trouver un emploi stable au décours. Le taux de réinsertion est en moyenne de 25%. Dans l’équipe d’Angélique qui confectionne les vêtements Second Sew, il est supérieur à 50%.
La campagne de financement participatif Second Sew
Le futur de l’ancien
Jusqu’à quel point est-il possible de faire grandir une marque qui fait du neuf avec des textiles anciens ?
En un peu plus d’une année, Camille est passée d’une idée et d’expérimentations dans son salon à une boutique atelier. Un vrai changement de perpectives pour Second Sew qui reçoit ses client.es, d’autant plus emballé.es par l’histoire quand ils/elles peuvent toucher la qualité des vêtements. À en explorer nos propres placards durant le confinement, on réalise que le gisement de matières premières est colossal. Trier et organiser sa collecte efficacement est crucial pour l’avenir des marques d’upcycling comme Second Sew mais également pour la santé de nos éco-systèmes qui retrouvent un peu d’apaisement dans la sobriété, à en croire l’inflexion des courbes d’émissions de C02 ces dernières semaines [2].
(RÉ)-ÉCOUTER NOTRE PODCAST SUR L’IMPORTANCE DU TRI/DU DON DE VÊTEMENTS
« Faire avec ce qu’on a », pas par dépit mais par bon sens. Suivre l’intuition de Camille et considérer nos placards comme une solution viable et raisonnée pour un avenir durable. À nous de faire des enfants (issus du confinement ?) des baby-boomers en bloomers upcyclés !
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Note de la rédaction : en cette période de fragilité économique pour toutes nos entreprises, les petites structures engagées ont plus que jamais besoin de votre soutien. Découvrez-les, suivez-les sur les réseaux, n’hésitez-pas à leur écrire pour les connaître un peu mieux puisque que nous avons le temps d’échanger en ce moment, et à vous tourner vers elles quand vous avez des achats à réaliser.
[1] FASHION NETWORK
[2] LES ÉCHOS
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