Si la mode a l’habitude de sortir des codes, en ce qui concerne le QR, elle faisait jusqu’à il y a peu exception. Pour avoir plus d’informations sur un vêtement, il suffit de se munir de son téléphone et de prendre en photo le code barre visible sur l’étiquette. Composition matière, impact environnemental, lieu de confection… Chaque marque est libre de dévoiler les dessous de ses vêtements. À quoi sert ce QR code ? Comment les informations sont-elles recueillies et vérifiées ? Faut-il s’y fier ou s’en méfier ? Les réponses ici !
Merci à Nathalie Lebas-Vautier de Good Fabric, pour le temps et les informations ayant aidé à la rédaction de cet article.
Doucement mais sûrement, le QR code se met en place sur nos étiquettes
À la différence du secteur de l’alimentaire ou des cosmétiques, le QR Code met davantage de temps à se mettre en place dans la mode aussi bien chez les marques que dans l’esprit des consommateur·ice·s. Les raisons sont multiples.
Rares sont les études et/ou scandales qui traitent de l’impact direct que le vêtement ou sa fabrication pourrait avoir sur notre santé. Tant pour la personne qui le porte que les travailleur·se·s exposé·e·s à des produits et émanations toxiques libérées au cours des étapes de teintures, de la transformation du cuir ou encore du sablage d’un jean. De ce fait, l’intérêt pour la traçabilité d’un vêtement peut être inférieur que pour une crème appliquée sur la peau ou un aliment ingéré.
Aussi, les législations n’exigent pas un marquage d’origine exigeant sur les vêtements. La seule obligation imposée aux marques de mode est de communiquer la composition du produit en pourcentage et dans la langue du pays de commercialisation.
Une mine d’infos pour le consommateur
Placé sur l’étiquette de composition du vêtement, le QR Code nous permet d’avoir l’accès aux informations qu’une marque souhaite révéler. Plus ou moins approfondie, ludique ou immersive, la fiche produit peut se composer de labels, certificats, vidéos… Par exemple, la Maison Patou révèle le croquis original du directeur artistique Guillaume Henry. Comme un passeport, le QR Code est utile tout au long du cycle de vie du vêtement, que ce soit dans le cas d’un achat en seconde main ou d’un recyclage en fibre de tri.
Un outil pour les marques
Si le QR Code est le plus souvent évoqué comme une solution pour rétablir la transparence d’informations envers les consommateur·ice·s, il est initialement un outil de travail utilisé par les marques pour sécuriser leur chaîne de valeur.
Dans l’industrie de la mode et du textile, les chaînes d’approvisionnement sont faites de nombreux intermédiaires eux même éparpillés au quatre coins du monde. La problématique de traçabilité se pose depuis des années. De l’affaire de Nike et des sweatshops à l’exploitation des Ouïghours en passant par le Rana Plaza, les scandales liés aux conditions de travail révèlent le manque de traçabilité entre une marque et les maillons de sa chaîne de valeur. À cette problématique sociale liée au vêtement vient s’ajouter la dimension environnementale et celle de la bien traitance animale.
D’où viennent réellement les informations ?
Vérifier une filière requiert du temps et de la pédagogie. Notamment parce que la chaîne de valeur textile est très fragmentée et aussi parce qu’il suffit qu’un maillon de la chaîne ne veuille pas donner une information pour casser la continuité de la chaîne.
Concrètement, le QR Code divulgue les informations collectées par :
- La Blockchain, un système d’agrégation et de sécurisation permettant une traçabilité cryptée, infalsifiable, datée. La traçabilité d’un vêtement démarre dès l’instant où la commande est lancée. Puis s’ensuit la collecte de la matière, la filature, le tissage/tricotage, l’ennoblissement, la confection, l’expédition, la réception… Au fil des étapes, les acteurs remplissent les questionnaires relatifs à leurs actions et transmettent les certificats de conformité et de transaction. Tout au long de la supply chain, la blockchain engage la responsabilité de celui ou celle qui dépose l’information. Un système d’alerte dans le back office notifie une personne de la marque qui valide les informations déposées au fur et à mesure. Lorsque le produit est mis sur le marché, la marque endosse la responsabilité finale. Elle ne peut pas intégrer dans son QR Code des informations qui ne sont pas sur le backoffice et la traçabilité Blockchain.
- L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) évalue l’empreinte environnementale d’un vêtement grâce à des données collectées notamment le poids de la matière, la quantité d’eau, le phosphore… Ce calcul est effectué par des ingénieurs spécialisés.
Peut-on se fier aux informations divulguées par le QR Code ?
En tant que consommateur·ice·s, il est difficile de discerner le vrai du faux des discours des marques de mode. Face à nous, se trouvent deux types d’informations :
- L’information déclarative qui n’induit pas une vérification.
- La preuve tangible. Le QR Code s’inscrit dans la seconde catégorie. Chaque marque de mode a l’obligation de transmettre une intégrité d’information, d’apporter et de vérifier la preuve de son propos.
La Blockchain permet une traçabilité cryptée, infalsifiable, datée. En complément de toutes les précautions, les organismes garantissant la traçabilité des filières des marques vérifient les données véhiculées par les acteurs en :
- Travaillant avec des expert·e·s en certifications et en traçabilité.
- Se rendant sur le terrain pour attester de l’authenticité des données communiqués par les différents acteurs donnés par la chaîne d’approvisionnement.
Pour s’assurer de l’authenticité des garanties inscrites sur les produits, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et les organismes certificateurs ont renforcé leurs contrôles. Par exemple, sur les étiquettes de vêtements, il y a des réglementations strictes à respecter : les marques n’ont pas le droit d’inscrire “coton biologique” ou “polyester recyclé”, elles doivent mettre des astérisques.
Bonjour, mais qui sera derrière l’orchestration de cette blockchain ? Qui sont les personnes habilitées à y accéder pour fournir des informations ?