Réglementations floues, savoir-faire, comment se porte la mode Made in the UK ?

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Le Royaume-Uni est une région à la production textile contrastée : maltraitée par le COVID19 et le Brexit, elle conserve cependant des ateliers réputés et des conditions de travail correctes… la plupart du temps. Car en parallèle de ses usines de haute qualité, le Royaume-Uni abrite aussi des sweat shops, comme l’avait illustré le scandale Boohoo en 2020. Établissement d’une chaîne de production, Brexit, artisanat spécialisé… Des professionel·les de la mode et du textile, des designers britanniques et françaises qui travaillent sur ce territoire nous aident à décrypter une situation complexe.

Broderies, knitwear et tailoring

Comme de nombreuses régions, le Royaume-Uni est réputé pour des savoir-faire précis, qui attirent les marques locales comme étrangères. Malgré la délocalisation des années 90 et des difficultés liées au Brexit, un écosystème riche persiste, notamment à Londres-même.Nous collaborons avec plusieurs couturières travaillant chez elles, mais aussi cinq usines à Londres et en Angleterre” illustre Tania Hindmarch, co-fondatrice de la marque O Pioneers, spécialisée dans le prêt-à-porter. “Pour les savoir-faire techniques, nous faisons notamment appel à une maison de broderie extrêmement réputée, qui est bien installée et travaille également pour la famille royale, et à des artisans spécialisés dans le patchwork”.

Un autre savoir-faire clé pour l’Angleterre est le menswear, comme le détaille la designer française Sarah Madeleine Bru, qui a créé sa marque de joaillerie en Angleterre et travaillé pour le label de luxe masculin dunhill. “Il existe encore une expertise très forte du menswear en Angleterre, notamment pour le tailoring. Plusieurs quartiers à Londres sont toujours réputés pour leurs artisans dans ces domaines”. Cette expertise menswear s’étend aussi à la confection de souliers en cuir. Sarah Madeleine Bru fait également produire sa joaillerie entièrement au Royaume-Uni, où elle a notamment trouvé des fonderies reprises par de jeunes artisans portés sur l’innovation -historiquement, l'Angleterre a une expertise de manipulation des métaux qui n’a pas disparu- mais aussi des joailliers, des sertisseurs et des tailleurs de pierre, prisés par des marques de luxe réputées. Enfin, le knitwear (et le cachemire en Écosse) sont un pilier de l’économie textile de la région. O Pioneers collabore avec une dizaine de tricoteuses en Angleterre, qu’ils ont rencontrées grâce à du bouche-à-oreille entre marques.

Un tissu Harris Tweed, tissé à la main en Ecosse.

Une main d’oeuvre qualitative, mais raréfiée

Comme le signale le rapport de l'Université de Leeds et de l'Université Londonienne des Arts, le Royaume-Uni a perdu une part importante de sa main-d’oeuvre textile suite au COVID19 -qui a déclenché des milliers de licenciements économiques- et au Brexit, dont les contraintes de visa ont exclu des travailleurs étrangers et ont encouragé les travailleurs surqualifiés à partir pour le continent. Cependant, une capacité de production demeure dans des domaines spécialisés, la relocalisation est encouragée et des initiatives publiques sont lancées pour former une nouvelle génération à la production textile.

Affiche de propagande pro-Brexit du parti d'extrême droite UKIP. Avec le recul, le Brexit a plutôt freiné la relocalisation de nombre d’industries.

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