L’exploitation de minorités Ouïghoures retenues dans des camps de détention pour la fabrication des vêtements est un des scandales associés à l’empire de Shein. Son succès dépend notamment d’une main d’œuvre très bon marché et soulèvent plusieurs questions : la persistance d’un esclavagisme moderne, du manque de régulation, dix ans après le drame de Rana Plaza ; la dilution du principe de responsabilité ou “Due Diligence” des marques qui sous-traitent, délocalisent et tirent systématiquement les prix vers le bas pour augmenter leurs marges. Depuis le 1er juin, la législation tend à changer à cet égard, notamment grâce au travail du Député Raphaël Glucksmann ayant porté une directive européenne sur le devoir de vigilance en matière de Droits de l'Homme et de conduite responsable des entreprises. Pour l'instant, les prix très bas pratiqués par Shein permettent difficilement d’envisager le respect des Droits fondamentaux proclamés par l’OIT (Organisation Internationale du Travail). A date, voici ce que l’on connaît des dessous très opaques de ses chaînes d'approvisionnement et de production.
Un combat associatif et politique en faveur des Droits humains : plusieurs tentatives de dépôt de plainte non abouties
En avril 2021, un groupe (constitué de l’ONG anti-corruption Sherpa, le Collectif Éthique sur l'Étiquette, l’Institut Ouïghour d’Europe et d’une plaignante Ouïghoure ayant été internée dans la province du Xinjiang) déposait une plainte collective à Paris contre les marques Uniqlo France, SMCP, Inditex et Skechers USA qu’il accusait de “recel de travail forcé et de crimes contre l’humanité”. La plainte, fondée principalement sur un rapport publié en mars 2020 par l’ONG australienne ASPI (Australian Strategic Policy Institute), a été classée sans suite : le pôle ‘crimes contre l’humanité’ du Parquet national antiterroriste (PNAT) s’étant alors estimé “incompétent” du fait de crimes cités susceptibles d’avoir été commis en Chine par des entreprises chinoises, bien que celles-ci fournissent les marques accusées.
Se constituant cette fois-ci partie civile, une nouvelle plainte déposée le 16 mai 2023 par le même groupe vise cette-fois ci les infractions de recel de quatre crimes : génocide, crimes contre l'humanité, réduction en servitude aggravée et traite d'êtres humains en bande organisée. Cette plainte devrait permettre d'obtenir l’ouverture d’une information judiciaire, visant cette fois-ci toutes les multinationales de l’habillement. William Bourdon, l’avocat des plaignants, espère en effet la “reconnaissance de la compétence” de la justice française “sur le fondement du recel de crime contre l’humanité”, bien que les quatre groupes ciblés contestent tout recours au travail forcé dans leur chaîne d’approvisionnement.
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