Dans un secteur concurrentiel où se mêlent innovations, greenwashing et législations, il peut être difficile pour les marques de suivre les enjeux de traçabilité et de circularité. Notamment pour celles éthiques, qui manquent parfois de moyens malgré leur motivation. C’est de ce constat qu’est née Slöer, une solution qui permet de créer de la valeur avec la seconde vie des produits, grâce à une identité digitale accessible via une étiquette-QR code. Elle donne des informations sur les vêtements aux consommateur·rices, mais leur permet aussi de les réparer facilement ou de les revendre en un clic via une plateforme dédiée.
De l’identité digitale à la plateforme de seconde main
Cette initiative holistique est lancée par Emilie Vial, fondatrice du réseau Little BY Little, et Elodie Laleous, créatrice des marques Lab Boutique et La petite collection. Cette dernière a vu sa clientèle, très sensible aux enjeux durables, se tourner peu à peu vers la seconde main. Comment accompagner cette démarche tout en aidant les marques éthiques à bénéficier de ce marché ? Réponse : une plateforme de seconde main en C2C où les marques sélectionnées sont regroupées, loin d’autres plateformes saturées par les annonces de fast fashion et des prix bradés. “Nous voulons proposer une expérience à la hauteur des marques présentes sur la plateforme”, résume Elodie Laleous.
Côté client, l’objectif est de faciliter la revente au maximum.
Les marques partenaires peuvent créer leur offre de seconde main en chargeant leurs produits dans une bibliothèque. Grâce à celle-ci, les client·es créent leurs annonces via un formulaire pré-rempli par les données des marques (photos, catégorie, description, prix recommandé…). Les marques peuvent aller plus loin en optant pour le QR code Slöer, cousu sur le vêtement : en le scannant, l’annonce de revente est créée automatiquement. Après la vente, les client·es peuvent retirer leur argent ou choisir un bon d’achat avec 20 % de valeur supplémentaire, utilisable sur les sites de toutes les marques partenaires de Slöer.
Le QR code permet aux marques de communiquer à chaque étape du cycle de vie de leurs produits.
Lorsqu’on le scanne, on accède aux informations de traçabilité : lieu de production, composition, labellisation, transports, ou même score CO2 calculé par La Belle Empreinte. Si une pièce abîmée doit être réparée ou recyclée, Slöer propose également des tutoriels d’entretien, un lien vers le service de réparation d’une marque ou une mise en relation avec Tilli. Ces fiches digitales peuvent être updatées à tout moment : les marques peuvent y indiquer les informations et les services de leur choix, pour s’adapter aux enjeux de la circularité à leur rythme.
Engranger des bénéfices en anticipant les législations : c’est possible
Cet éventail de fonctionnalités, en plus de proposer une expérience client inédite, débloque plusieurs sources de revenus pour les marques. En bénéfice direct, elles touchent une commission à chaque revente de leurs produits sur Slöer. Elles intègrent ainsi le marché de la seconde main tout en évitant de créer leur propre plateforme, avec les coûts de développement, de stockage et de SAV qui iraient avec. “Slöer permet aussi un coût d’acquisition réduit, précise Emilie Vial. Tout est pensé pour valoriser la marque et lui générer de la visibilité. Être répertorié auprès de marques premium aux valeurs communes permet d’atteindre son cœur de cible.” Car le système de bon d’achat permet aux utilisateurs de Slöer de consommer aussi les produits neufs des marques partenaires, directement sur leur propres sites.
Niveau communication : l’occasion de démontrer ses engagements éco-responsables
La Belle Empreinte, partenaire de Slöer, a par exemple calculé que la seconde main permet d’économiser environ 76% de CO2 par portée de produit. Enfin, la Gen Z est particulièrement intéressée par le potentiel de revente : 82% de ses membres regardent le prix en seconde main d’une pièce avant de l’acheter en neuf.
L’identité digitale proposée par Slöer permet également de prendre une longueur d’avance sur la Loi AGEC ou le Digital Product Passport, qui demandera aux entreprises de fournir des informations de traçabilité. Les fondatrices font d’ailleurs partie des experts sélectionnés par l’Union Européenne pour le groupe de travail du DDP. Elles en connaissent donc les enjeux : “Le but n’est pas de subir des législations et de s’y adapter dans l’urgence, mais de créer une solution flexible pour les anticiper et en faire une opportunité en construisant de nouveaux modèles économiques.” confirme Elodie Laleous.
Comment fonctionne Slöer ?
Pour s’adapter aux finances des marques créateurs, Slöer propose des abonnements selon leur dimensionnement. L’implantation de l’étiquette-QR code n’est pas obligatoire : une marque peut commencer simplement en répertoriant ses produits directement sur la plateforme de seconde main, que ses client·es pourront alors revendre en un clic. Les frais d’intégration à Slöer commencent à partir de 1000 euros, avec un abonnement pour le QR code dont la valeur varie selon le nombre de fiches produits à générer. Slöer peut également accompagner la marque pour optimiser la fabrication de ses étiquettes et la mettre en relation avec son fournisseur Portugais qui propose un coût de 9 centimes par pièce.
D’après Emilie Vial, “C’est une solution que nous voulons accessible aux marques créateurs. Nous sommes dans une logique d’éco-conception maximisée : le but est que les marques déjà engagées pour fabriquer mieux puissent en bénéficier.” Loir Paris et Risu Risu sont les premières marques à être équipées de cette technologie, bientôt rejointes par Tante Reine et Joey Paris. De leur côté, les fondatrices débordent d’idées pour animer le collectif de marques partenaires, qui sera enrichi de marques Femmes et Maison dans les semaines à venir. Une croissance qui devrait s’accélérer avec une levée de fonds, qui s’achèvera d’ici septembre prochain.
