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4 matériaux végétaux innovants pour les baskets et chaussures

Du pissenlit dans les baskets, de l’écorce de riz dans les ballerines, des fibres d’ananas ou de banane en alternatives végétales au cuir. Après le cactus, le raisin, l’orange et les algues, on complète le panier garni des options veggie au rayon textile. Mais toutes sont-elles écologiques ? Lesquelles sont un super alibi au greenwashing ? Lesquelles sont déjà utilisables à l’échelle industrielle ? On s’interroge dans cet article, avec l’étude de 4 cas où des matériaux végétaux innovants s’immiscent dans les baskets et chaussures.

Fibres de bananier et d’ananas : on prend

Bananatex® utilise les fibres des feuilles de bananiers venues des Philippines pour faire des sacs, des T-shirts.Nous ne recueillons que les côtés de la plante et elle pousse déjà dans la forêt, donc aucun produit chimique, pesticide ou même eau n’a été utilisé“, s’exprimait un des cofondateurs au salon Première Vision, organisé à Paris pour présenter aux professionnel·le·s du secteur les tendances, couleurs et matières des prochaines saisons. [Source AFP – Eric Randolph]

Ananas Anam / Pinatex®, propose une matière également composée de fibres végétales, ici de feuilles d’ananas, récupérées sur des plants cultivés à des fins d’usage alimentaire, aux Philippines. Habituellement, ces feuilles sont jetées. La matière proposée par Pinatex® peut contenir jusqu’à 90% de biosource. Actuellement, une composante plastique même mineure est encore requise. Le Pinatex® sert notamment à créer une alternative végétale au cuir pour faire des baskets, des perfectos ou de la maroquinerie.

D’autres initiatives existent, comme la marque espagnole Pyratex® qui propose de nombreuses options, depuis le recyclage des déchets provenant de la production de maïs et de cannes à sucre jusqu’aux fibres provenant d’algues islandaises, de bambou chinois ou de bois autrichien.

Attention, pour être écologiquement vertueux cependant

  • Les “coproduits” ou déchets utilisés doivent effectivement venir d’une industrie qui n’en fait rien (par exemple, les déchets organiques peuvent aussi être convertis en énergie ;
  • Ces filières agricoles ne doivent pas devenir intensives ou accroître leurs activités à des fins textiles (on en perd alors le bénéfice écologique, c’est ce qu’on appelle l’effet rebond) ;
  • Le pourcentage de fibre naturelle doit être maximal dans la matière composite. Le composite (ou d’autres matières écologiques) doit composer la plupart des éléments de la chaussure. Dans le cas contraire, présenter une composition végétale ou intituler un produit “vegan” est une technique de greenwashing (un exemple ci-dessous). 
  • Les matériaux de substitution ne servent à rien si on produit autant voire plus de vêtements/chaussures/accessoires. Les jeunes designers engagés le savent, comme Ifeanyi Okwuadi, interviewé lors du salon textile international Première Vision, qui se concentre sur la qualité de la confection des vêtements, plutôt que sur les nouveaux matériaux étiquetés écologiques. “Le côté durable vient de la fabrication, la coupe, la bonne longueur, la précision des coutures, parce que ce type de détail minutieux affecte la longévité du vêtement quand vous le lavez“, explique-t-il au micro du représentant AFP Eric Randoph.

Bananatex® – Echantillons noirs et imprimés comics.

Repetto, un cas de greenwashing sous couvert d’innovation

La maison Repetto, spécialiste des chaussures de danse, propose une première version “végane” de ses chaussures vernies comportant une semelle interne conçue partiellement à base d’écorce de riz de Camargue, à hauteur de 5% plus précisément. Le reste est confectionné en caoutchouc. Le modèle “Lili”, initialement créé pour Brigitte Bardot, a le privilège d’expérimenter cette alternative végétale au cuir. Attention cependant au greenwashing derrière cette opération, présentée comme “vegan” à des fins vraisemblablement marketing.

Tout d’abord, il s’agit seulement de la semelle interne de la chaussure. Ensuite, le caoutchouc n’est pas renseigné naturel ou synthétique. Bien souvent, les consommateur·ice·s font l’amalgame entre “vegan” et “écologique”. Si le caoutchouc n’est pas naturel (il est d’origine pétrochimique : c’est du plastique), ce produit n’est pas écologique du tout (et potentiellement moins durable) : c’est tout simplement du plastique additionné de 5% d’écorce de riz…locale.


Pour aller plus loin, on décrypte le communiqué de presse de la marque :

  •  “Fabriquée en Italie, la tige de la ballerine est un mélange de coton et de matières synthétiques alors que la première de propreté a été conçue en Espagne dans un textile simili cuir.” Le simili-cuir est une matière synthétique… et le coton conventionnel n’a rien d’écologique (ici, de plus, la proportion n’est pas précisée, même s’il s’agissait de 0,1%, la marque a le droit d’écrire que la tige est en coton). VIGILANCE.
  •  “L’atelier Repetto revalorise des déchets issus de l’industrie agroalimentaire et participe ainsi à réduire l’extraction des ressources” : Le choix des mot n’est pas anodin et trompeur. La “valorisation” d’une écorce de riz de Camargue (dont on imagine faible le volume global annuel de déchet) et “la réduction de l’extraction des ressources”, dissimulent la réalité. Il s’agit ici de produire un article majoritairement composé de plastique, sous-couverture green, avec l’argument écorce de riz, pour vendre toujours plus. On passe notre tour.

Du caoutchouc de pissenlit pour les sneakers, des efforts à poursuivre

Le pissenlit est déjà utilisé pour de multiples bienfaits dans la cuisine, en gélules phytothérapeutiques ou tisanes. Moins connu pour cet usage, c’est également une alternative au caoutchouc, issu du latex d’hévéa. La texture du liquide blanc extrait quand on arrache la plante est très similaire à celle “saignée” sur les arbres à caoutchouc. En séchant, elle forme une gomme élastique qui intéresse désormais les producteurs de sneakers.

C’est le cas de la marque américaine Cole Haan qui a récemment lancé la basket “Génération Zerøgrand II”, un modèle mixte dont la semelle extérieure est à 25% constituée de caoutchouc naturel de pissenlit, une mousse appelée FlowerFoam. La paire de sneakers est complétée par une tige en daim microfibre végane (sans précision, il est vraisemblable qu’il s’agisse de synthétique), et des lacets conçus en bouteilles en plastique recyclées.

Il s’agit donc de maximiser la part de végétal et de remplacer progressivement les matières plastiques & neuves par d’autres naturelles biologiques ou recyclées.

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