Les talents français s’engagent pour la transition écologique. Récemment, c’est le designer Samuel Tomatis, diplômé de l’ENSCI, qui a décidé de trouver des alternatives aux plastiques en inventant des matières solides et textiles 100 % conçues à partir d’algues. Un processus de design révolutionnaire dans le monde des biotechnologies qui lui a valu de décrocher le Grand Prix de la création de la Ville de Paris.
Transformer une espèce nocive et envahissante en ressource utile
Le changement climatique et la pollution des océans entraînent une prolifération des algues. Pourtant, si nous savions les valoriser, nous ne serions plus uniquement condamnés à subir cette invasion qui asphyxie les littoraux.
Aux racines du travail de Samuel Tomatis, il y a ce constat, couplé à l’envie de trouver une alternative aux matières plastiques issues de la pétrochimie. En associant les combats, le designer s’est donc donné pour mission de trouver, autant que possible, des solutions clé en main pour lutter contre ces deux fléaux.
En 5 ans de travail main dans la main avec des scientifiques, Samuel Tomatis s’est donc attelé à faire quelque chose d’utile de ces organismes qui prolifèrent aux large des côtes bretonnes. Aujourd’hui, le designer propose une liste impressionnante de meubles, papiers, tissus ou vaisselles produits entièrement avec des algues, solides et biodégradables.
S’inspirer du génie de la nature, dans une démarche design biodégradable et circulaire
La démarche de Samuel Tomatis repose sur le biomimétisme : observer le vivant pour utiliser ou reproduire son ingénierie naturelle. Pour produire des matières solides capables d’être moulées comme du plastique ou de la fibre de verre, Samuel Tomatis a donc fait appel aux propriétés gélifiantes des algues.
Il peut ainsi produire des objets techniques tels que des chaises ou des bols en partant uniquement d’un végétal. Pour les matières textiles, les algues sont trempées, lavées, séchées, lissées puis peignées en fibres avant d’être filées et tissées, comme une sorte de lin marin.
Sans teinture, le designer obtient des rouleaux des tissus nuancés, de vert fluo au blanc en passant par le marron foncé voire le noir, selon les couleurs des plantes récoltées. Samuel Tomatis permet aussi l’arrivée probable dans nos vestiaires d’accessoires de mode conçus à partir d’algues, notamment des sacs et des produits de maroquinerie qu’il taille dans une matière non tissée et plus épaisses à la texture proche du cuir.
Pour le première fois, des matières industrialisables et déployables à grande échelle
Les algues constituent aussi une ressource facilement récoltable, sans forage, sans transformation, sans culture particulière. S’il reste encore effectivement à développer une chaîne de collecte pour ces algues et une filière de production locale pour que le projet de Samuel Tomatis soit totalement abouti, les matières elles-mêmes sont bien pensées pour s’adapter à une production non pas artisanale mais bien industrielle ou semi-industrielle.
Le travail de Samuel Tomatis et d’autant plus original et intéressant qu’il propose une alternative responsable, et crédible aux matières plastiques issues de la pétrochimie.
Plusieurs objets aboutis, notamment en mobilier, sont déjà usinables et prouvent qu’il est possible d’utiliser les algues à échelle industrielle.
Les parisiens et parisiennes ont d’ailleurs déjà pu observer de près les matières qu’il a conçu et constater la crédibilité de ces solutions jusqu’en septembre 2021 au Pavillon de l’Arsenal à Paris dans le cadre de l’Agora du design, jusqu’en septembre.
Affaire à suivre mais il est donc bien possible que les algues révolutionnent les intérieurs et les vestiaires du futur.