Depuis l’entrée en application de la loi AGEC et de son article 45, les marques de mode n’ont plus le droit de détruire leurs invendus. Cette décision, essentielle d’un point de vue écologique, pose un nouveau défi : comment gérer, écouler et valoriser les stocks qui ne partent pas à la vente ? Aujourd’hui, de nombreuses solutions existent pour parer au problème. Elles s’adressent à des tailles d’entreprises, des typologies de produits et des stratégies marketing variées. Panorama.
Au-delà des restrictions judiciaires déterminées par la loi AGEC, les marques ont tout intérêt à diminuer leur stock d’invendus. En amont, en gérant plus strictement les volumes de production, mais aussi en aval via différents canaux.
Si l’écoulement des stocks nécessite une mise en place et rapporte moins aux entreprises que la vente directe, il reste une bien meilleure solution que le stockage passif. Car conserver des produits invendus (dont la valeur baisse à chaque année écoulée) a de nombreux coûts : location de l’espace de stockage pour des pièces peu performantes, charges de type électricité, emploi de personnel pour les gérer et surveiller… Mais aussi l’absence de profits, même minimisés, tirés des produits. Sur de grandes quantités, cela peut représenter des millions d’euros manquants sur un chiffre d’affaires annuel. D’autant que certaines solutions d’écoulement peuvent être l’occasion de communiquer sur les engagements d’une marque, ou de la faire découvrir à une nouvelle clientèle ciblée.
Le déstockage et la revente
L’un des débouchés les plus directs est de confier ses stocks à des entreprises de revente à prix réduits. Cela peut être fait par différents prestataires, à commencer par les acteur·ices généralistes comme Noz ou Stokomani. Il existe également des plateformes plus centrées sur la mode, comme Vepee, Showroom Privé, Arlettie, The Bradery, Degriffstock, Fashionesta… Bien sûr, cela nécessite une forte baisse du prix originel du produit.
Certaines marques préfèrent aussi des acteur·ices plus discret·es afin de ne pas dévaloriser l’image de leurs production. Une option très confidentielle est le barter : des entreprises qui récupèrent des stocks et les échangent aux marques contre de l’espace média. Ces stocks sont ensuite écoulés de façon peu voyante car “éparpillée”, en cadeaux lors d’événements B2B etc. Parmi les acteur·ices spécialisé·es dans le barter de luxe, on trouve notamment Efficio qui élabore une stratégie d’écoulement des invendus en partenariat avec les marques. Elles peuvent donc contrôler où se retrouveront leurs produits et si cela est bien aligné avec leur stratégie marketing.
Enfin, si des marques peinent à décider quel acteur est le plus approprié à leurs besoins, Finds Solutions propose du consulting. La plateforme répertorie les entreprises spécialisées (comme celles mentionnées ci-dessus) et permet d’automatiser sa gestion d’invendus.
Les transformateurs
Pour les entreprises qui ne souhaitent pas diffuser leur stock tel quel sur le marché, des solutions de transformation existent à des échelles variées.
L’upcycling permet de revaloriser les produits, permettant parfois même de communiquer sur cette pratique selon le positionnement de la marque. A une échelle industrielle, Losanje en est l’un des acteurs principaux en France, avec plus de 55 000 produits upcyclés. Pour les marques d’outdoor, une solution spécialisée existe : La Virgule, qui récupère des équipements pour les transformer en sacs, accessoires, sacoches… Des options de revalorisation artistiques et artisanales sont aussi possibles : avec Commitment, qui transforme les stocks en objets, en mobilier pour les locaux d’une marque, ou Collectivo, studio d’upcycling qui a revalorisé des baskets pour Nike ou des sacs pour Cahu. Ou encore d’autres acteur·ices : Hedj, About A Worker…
Le recyclage est une autre option. Avec des effilocheurs, qui retournent la matière à l’état de fibre comme Buitex, mais aussi des prestataires innovants comme Carbios et son approche du polyester, ou Recovo. Si le recyclage permet un écoulement des stocks en toute discrétion, il génère cependant une dégradation du produit, de sa valeur et du prix qu’une marque pourrait en tirer. Mais un produit stocké inutilement restera toujours moins avantageux.
La valorisation circulaire
Enfin, il est possible d’écouler ses stocks en contribuant à l’économie circulaire et sans les transformer grâce à la location. De multiples options existent, comme Lizee, qui collabore avec le sportswear, Le Closet, Ou la mode qu’on loue, Possible Paris… Liste complète ici.
Une solution pour les stock de pièces atypiques est Studio Paillette, qui sélectionne une partie des invendus des marques pour les revaloriser sur sa plateforme de location, mais aussi en tant qu’agence de communication pour des prêts à des personnalités, des artistes… Ici, le bénéfice provient de l’exposition et de la circulation de la marque.