Outlet, corner seconde main, upcycling en œuvre d’art, dons aux associations… Depuis la mise en application de l’article 45 de la loi AGEC interdisant aux marques de détruire ou d’enfouir leurs invendus, l’industrie redouble de créativité pour en optimiser la gestion. De nombreux acteurs proposent des services variés pour une revalorisation locale ou internationale des stocks et ces différentes opérations font l’objet de réglementations spécifiques. FINDS est un dénominateur commun entre les porteurs de solutions et les marques. Cette startup propose une solution SaaS (Software as a Service) qui automatise et digitalise les flux d’invendus de mode, accessoires et chaussures. Elle s’adresse aux marques de toute envergure, de mode et beauté, et propose une intégration simple dans la routine opérationnelle des équipes.
Un point rapide sur la loi anti-gaspillage (AGEC) et la Responsabilité Elargie du Producteur (REP)
Afin de comprendre le déploiement et l’utilité des startups tech comme FINDS, un rapide point réglementaire s’impose. Au-delà du bon sens écologique et d’une optimisation économique de ses stocks dormants, les marques sont désormais soumises à des obligations juridiques qui viennent encadrer le gaspillage historique de l’industrie de la mode, afin de tendre vers une réduction de l’hyperproduction et un meilleur usage des ressources.
La loi AGEC (Anti gaspillage pour une économie circulaire)
La loi AGEC est relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire [1]. Elle a pour but de transformer une économie majoritairement linéaire (extraction de ressources (lien) → fabrication → achat → déchet) en une économie circulaire (extraction → fabrication → achat → réutilisation/recyclage) et interdit pour cela aux marques de textile, linge de maison et chaussures (TLC) de détruire leurs invendus.
La REP (Responsabilité Elargie du Producteur)
En France, la REP est mécanisme mis en place pour répondre à la problématique de traitement des déchets selon le principe pollueur-payeur, en vigueur depuis 2007. [3] Les “producteur” – c’est-à-dire toute marque, importateur ou fabricant – qui met sur le marché tout article textile, linge de maison ou chaussures (TLC). Ces entreprises sont considérées responsables du produit sur l’ensemble de son cycle de vie du produit, de sa conception à sa fin de vie. L’éco-organisme Refashion collecte des éco-contributions pour chaque produit mis sur marché pour structurer et développer la collecte des produits usagés (TLC), mais en parallèle, chaque entreprise peut mettre en place un système individuel.
Les stocks d’invendus peuvent ainsi s’écouler via des opérations promotionnelles (outlets, soldes, magasin d’usine, déstockeurs, ventes au personnel) mais aussi ouvrir en direct un espace seconde main en ligne ou en boutique, en faire profiter des associations via des dons, encore travailler à une revalorisation par le design en upcyclant ou par la matière première en recyclant.
Le off-price, un marché florissant qui doit se structurer
A la montée en puissance des réglementations s’associe une prise conscience accrue des marques, ayant compris que leurs intérêts écologiques et économiques se rejoignent. Le off-price désigne le segment du marché de la vente au détail où les produits sont vendus à un prix inférieur à celui habituellement pratiqué. Il se généralise dans la mode, sur les traces des francs succès de Back Market dans l’électronique ou de Too Good to Go dans l’alimentaire. Comme tout marché en forte croissance, la structuration est la clé d’un développement pérenne.
Le marché off-price présente des écueils à anticiper, comme la dévaluation trop forte des produits ou une stratégie omnicanale aléatoire dont les débouchés ne seraient pas adaptés aux vêtements concernés. L’image de marque est alors en péril, dans le cas où, par exemple, les articles d’une Maison premium côtoient ceux d’une griffe très bon marché. Ne pas maîtriser les débouchés expose au risque de développement d’un marché parallèle de revente.
Autre variable, la qualité et la quantité des stocks excédentaires, difficilement anticipables d’une collection à l’autre, requiert d’ajuster périodiquement sa stratégie de décongestion. Comme toute problématique fait le lit de la création de solutions pour y remédier, le marché de la revalorisation voit naître quotidiennement de nombreux acteurs de la circularité dont les propositions de valeurs et la crédibilité sont variables, exigeant un travail de veille et de comparaison rigoureux. Dans la transition de leurs modèles, les marques naviguent à vue.
Finds, répertorier les solution et automatise les processus de revalorisation des invendus
FINDS est une SaaS qui s’adresse à toute envergure d’entreprise et de stocks de produits finis. Elle agit en tiers de confiance pour les marques de mode, accessoires, chaussures et produits de beauté qui souhaitent optimiser les processus de gestion des invendus. Andrea Herget et Jules-Adrien Néret, cofondateurs, répertorient les solutions circulaires de revalorisation à 360°, du traitement de stocks conséquents et à grande échelle à la voie artistique de création de pièces uniques.
Le fonctionnement de la licence FINDS en pratique
Toute l’approche est axée sur la donnée. FINDS est une solution digitale qui à pour objectif de rassembler toutes les parties prenantes impliquées dans une gestion durable des invendus (marques, revendeurs, ONG, recycleurs). Les étapes sont les suivantes :
- La marque télécharge ses stocks en CSV ou via l’API (FINDS vous indique la donnée mandatory)
- La plateforme génère automatiquement des plans d’écoulement qui intègrent à la fois les canaux internes comme les outlets, et externes comme les plateformes partenaires. FINDS agit ainsi en tiers de confiance et opérateur intermédiaire entre la marque et toute solution de revalorisation circulaire, permettant aux marques d’intégrer facilement leur réseau de partenaires existants et d’en découvrir de nouveaux pour élargir les canaux de vente.
- Les plans d’écoulement sont automatiquement optimisés grâce à l’étude d’indicateurs clés : l’historique des ventes des canaux ou encore le taux de vente des produits.
- La collaboration est centrée sur la data/data-driven, en quelques clics, FINDS permet à l’utilisateur·ice de soumettre une offre à une multitude d’acheteurs ou de repreneurs potentiels tout en assurant à ces dernier·e·s de bénéficier d’information exhaustive sur les produits.
- L’accès aux data peut intéresser d’autres secteurs de l’entreprise, comme le pôle RSE, dans le cadre de la rédaction de reportings extra-financiers.
La startup propose un accompagnement avec recommandations spécifiques selon l’image de la marque, son positionnement, et selon les besoins des prestataires aval dont le cahier des charges repose sur des stocks précis. C’est le cas de Losanje dont la méthode d’upcycling ne s’applique à grande échelle qu’à la condition d’avoir un gisement conséquent sur un type de produit. FINDS agit en connecteur, offrant aux multiples opérateurs d’amont et d’aval la possibilité d’échanger et d’évaluer les meilleures opportunités commerciales pour les deux parties.
L’optimisation concerne aussi l’impact, la revalorisation s’effectue donc au maximum en circuit court.
Quel est le coût de la solution FINDS ?
Plusieurs critères déterminent le coût de la solution SaaS, comme le nombre d’utilisateur·ice·s de la plateforme, le type d’informations requises pour le reporting extra-financier, les débouchés et la multiplication des abonnements en cas d’équipes multi-régionales ou internationales.
Quels sont les avantages de la digitalisation ?
La donnée est souveraine dans la mode, qu’il s’agisse de connaître son marché ou de maîtriser sa chaîne de valeurs. Celle-ci s’étend désormais au “post-consumer” via la REP et à l’entre deux que représente la zone – autrefois grise – des stocks dormants. La loi AGEC exige des comptes et une traçabilité de leur gestion et débouchés. FINDS s’est donc construite sur un modèle data driven, optimisant les flux et la comptabilité des produits dans un but financier mais aussi de mise en conformité des marques aux textes de loi et aux exigences des reportings, dont le CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) est un exemple majeur.
Un tracking régulier des stocks permet une meilleure visibilité et anticipation des stocks, accélérant leur rotation. Bien qu’il soit difficile de mesurer la rentabilité de ces récents seconds marchés pour une marque, la mise en concurrence de plusieurs partenaires via la plateforme permet d’augmenter les performances de vente et la rotation de stocks d’alléger les coûts logistiques et opérationnels.
Un suivi précis des débouchés semble aussi permettre une mise en lumière simple des problématiques récurrentes sur les stocks laissés pour compte : les données collectées rapportées aux équipes de production permettent de s’engager dans une dynamique d’éco-conception.
Enfin, l’instauration de solutions automatisées au sein de plusieurs équipes permet de partager la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE), au-delà d’un pôle dédié à cette activité, et d’implémenter ces notions de meilleure gestion des ressources dans la routine de chaque partie prenante, interne comme externe.
Références
[1] Décret n° 2020-1724 du 28 décembre 2020 relatif à l’interdiction d’élimination des invendus non alimentaires et à diverses dispositions de lutte contre le gaspillage
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042753962
[2] L’article 45 de la loi AGEC, qui crée un article L541-11-8 dans le Code de l’environnement.
[3] Article L110-1 du Code de l’environnement