Vous aimez les virées en pleine nature ? Alors, pensez-y : en quoi est faite votre tente, votre sac de couchage, votre kayak, vos cordes d’escalade, vos chaussures, votre sac à dos ou votre doudoune ? Tous ces équipements sont quasi-intégralement fabriqués en matériaux issus de la pétrochimie. Leur production génère une pollution à peine calculable et contribue à détruire un environnement qu’on cherche pourtant à mieux connaître à chaque trek. N’y a-t-il pas là une incohérence ? On en a parlé avec Nathan Douillard, co-fondateur de la Virgule, marque française de sacs outdoors upcyclés et fabriqués en France.
Il faut rendre l’outdoor plus circulaire, arrêter de détruire la nature en voulant l’explorer” : entretien avec Nathan, co-fondateur de la Virgule
Pourquoi la plupart des équipements sportifs sont-ils en plastique ?
Il y a bien sûr des raisons valables qui justifient l’omniprésence des matières plastiques dans la fabrication d’équipements sportifs. Avant tout, elles sont légères, solides, elles résistent bien au choc et aux frottements et peuvent être imperméables. Des avantages tout de même bien pratiques lorsqu’il s’agit de s’aventurer en pleine nature, dans des conditions météos parfois rudes, exposé au vent et aux intempéries. Néanmoins, même si les matériaux synthétiques qu’on utilise pour créer les équipements outdoor leur permettent de tenir plus longtemps, leur durée de vie reste limitée.
“Quand on pratique du sport en extérieur, surtout à haut niveau, on détruit pas mal de matos. En observant Maxime, un des 3 fondateurs de la Virgule, pratiquer le windsurf, j’ai été effaré de voir à quelle vitesse les vagues détruisent les voiles. En camping, en randonnée, à vélo, on raye inévitablement nos affaires, on les troue, on les déchire… Alors, il faut tout jeter et tout racheter. ” raconte Nathan Douillard.
Pas de trek, pas de surf, pas d’escalade sur une planète malade
Face à ce constat, un changement s’impose. L’enjeu : préserver au maximum un environnement dans lequel on aime s’aventurer. Il s’agit donc de trouver des moyens de rendre le monde de l’outdoor plus circulaire et moins polluant.
On se demande alors s’il ne serait pas possible de concevoir notre équipement autrement, et de faire quelque chose de tous les déchets générés par la pratique du sport outdoor ?
La réponse est bien sûr “oui”, on peut ! La Virgule le démontre puisque la marque récupère des équipements sportifs usés ou défectueux destinés à la décharge pour produire de nouveaux équipements outdoors : des sacs de voyage, des sacs à dos et des sacoches vélo. “On jette 10 000 tonnes de textile sportif chaque année. Si on ne récupère pas cette matière, elle est enfouie ou incinérée, et génère donc des pollutions supplémentaires. Puisqu’on a de la matière ici, en France, ça n’aurait absolument aucun sens de ne pas l’utiliser” explique Nathan, co-fondateur de la marque.
L’upcycling pour rendre l’outdoor plus durable
Parfait exemple en la matière, la Virgule réussit à exploiter une variété des matériaux upcyclés tout à fait intéressante. La marque prouve qu’il est possible de donner une nouvelle vie à presque tout.
Les équipements sportifs défectueux ou usés et dont on se débarrasse n’ont pas nécessairement perdu l’ensemble de leurs capacités techniques. Un kayak gonflable percé ne flottera peut-être plus, mais en récupérant la majorité de la matière qui reste intacte, il sera toujours possible de concevoir des produits imperméables, notamment des sacs destinés aux activités de plein air.
En faisant la preuve par l’expérience, Nathan détaille : “Sur nos sacs, la toile principale est une toile de bateau semi-rigide. Elle est increvable et totalement imperméable. Les poches de sac à dos et de sacoches vélo sont en kitesurf upcyclés. Sur les sacs de voyage, les poches sont faites en toiles de tente, assez épaisses. On utilise aussi de la corde d’escalade pour les systèmes de fermeture de nos sacs.
Puisqu’on pratique l’upcycling chez La Virgule, nos sacs ont un impact environnemental 10 fois plus faible que celui des sacs de sport classiques. On évalue que la production d’un sac de sport classique émet entre 15 et 20 kg de CO2 quand les nôtres émettent moins de 2 kg de CO2 chacun. précise Nathan.
Pas à pas, c’est toute une industrie qui évolue !
On l’a bien compris : exclure entièrement le plastique de nos randos, ce n’est pas pour demain. Néanmoins, les géants du secteur ont encore de la marge pour améliorer leurs pratiques. Des productions plus locales, moins génératrices de déchets et faisant davantage usage de matériaux recyclés ou upcyclés ne sont malheureusement pas encore généralisées.
Toutefois, il semblerait que les choses commencent à bouger : “Les marques auprès de qui on récupère des matériaux à upcycler, comme Decathlon, commencent à se demander comment elles peuvent concevoir leurs produits de manière à nous permettre, dans un second temps, de les revaloriser plus facilement.” nous confie Nathan.
La France figure en tête des pays européens les plus consommateurs d’équipement sportifs et ses entreprises, comme Décathlon, sont également des leaders mondiaux en la matière. Dans ce contexte, il est bon et même rassurant de noter qu’elles tendent à s’inspirer des marques les plus vertueuses du secteur comme la Virgule !
En ce moment, la Virgule signe une belle collaboration avec Sea Shepherd
La Virgule attire les grands noms ! Après Triban ou encore ZAG skis, la marque signe une nouvelle collaboration avec l’association Sea Shepherd. Contrairement aux partenariats précédents, il n’est pas question ici de récupérer des matériaux à upcycler mais plutôt d’accompagner une association qui, elle aussi, vise à protéger les milieux naturels. Au programme : un sac de voyage upcyclé de 35 litres au logo de l’ONG. 20 % des bénéfices issus des ventes sont reversés à l’association par la Virgule.