Marque emblématique de la mode française et du “quiet luxury” parisien, Eric Bompard se réinvente en alignant son image, ses valeurs, et sa production. Depuis l’hiver 2022, la maison propose une collection d’accessoires fabriquée en France, baptisée “Atelier Bompard“. En hiver 2023, la collection revient enrichie, avec des pulls pour hommes et femmes. Au-delà de la relocalisation, c’est le mode de fabrication, le savoir-faire, qui se distinguent. L’originalité : le retour à une fabrication française n’est pas motivé seulement par la quête de l’excellence artisanale française, mais aussi par le fait que la France propose des méthodes et des technologies innovantes aux nombreux avantages.
Faut-il privilégier le made in France ou les circuits courts quand la matière vient de loin ?
La question du retour au “Made in France” n’est pas forcément évidente pour toutes les marques. Dans le cas de Bompard, elle a donné lieu à d’intenses réflexions, non pas liées au coût de production comme on pourrait le croire, mais à l’intérêt même (en termes de qualité, d’efficacité) de revenir produire en Europe. Puisque c’est là-bas qu’on trouve la meilleure qualité de laine, le cachemire Bompard est sourcé en Mongolie. Pour optimiser sa production et préserver au mieux la qualité de sa laine, la marque a mis au point une chaîne de production rapprochée dès le départ. Ainsi, de l’élevage des chèvres à la transformation en fil et à la création de pulls, tout se déroule dans un cercle géographique restreint. Le système semble fonctionner et il parvient à maintenir ce qui est le plus important pour la marque : la qualité du cachemire. Quel intérêt alors de revenir en France ? “Nous voulions relocaliser et soutenir la France, son savoir-faire, et relancer l’industrie française. Cela dit, nous ne voulons pas compromettre la qualité de notre matière première“, nous explique Marlène Villemont-Reyt, Directrice Développement et Production chez Eric Bompard.
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En France, mieux qu’un savoir-faire ancestral : un savoir-faire innovant !
Ce qui a guidé le retour de Bompard vers les ateliers français, c’est bien la recherche de techniques de couture innovantes, peu explorées et optimisées. Naturellement, Bompard s’est dirigé vers le tricotage 3D, sans couture.
En quoi consiste le tricotage 3D ?
Comme l’impression 3D, mieux connue, le tricotage 3D permet de créer une pièce complète, un pull par exemple, en une seule opération. Il n’est donc plus nécessaire d’assembler plusieurs morceaux en atelier. Cette méthode utilise des machines qui tricotent simultanément toutes les parties du vêtement, y compris le corps, les manches, et le col. Ainsi, le vêtement sort de la machine presque terminé. Bien plus qu’un gadget, le tricotage 3D a plusieurs atouts : il réduit considérablement le besoin de couture et d’assemblage, offre un niveau de précision exceptionnel, et permet une production 100 % zéro-déchets. Efficacité, qualité, et écologie.
Participer au développement d’un nouveau savoir-faire français
Les techniques de tricotage 3D sont relativement récentes et nécessitent des savoir-faire particuliers. La France a longtemps été reconnue pour ses savoir-faire uniques en matière de couture et de tricot. En développant ces nouvelles techniques auprès d’industriels français, Bompard aide l’industrie française à garder cette place et cette réputation. Les techniques changent, et l’industrie doit s’y adapter. Aujourd’hui, c’est en France que le tricotage 3D est encore le mieux pratiqué d’après les experts de chez Bompard. Les compétences des techniciens français sur ces machines permettent à Bompard de préserver l’intégrité et la qualité de ses fibres de cachemire très fragiles. “Ces machines nécessitent des techniciens hautement qualifiés pour les programmer correctement. Le tricotage en 3D est un domaine exigeant, et il faut beaucoup de temps pour former des experts“, explique Marlène Villemont-Reyt. La France, terre de savoir-faire traditionnels mais aussi nouveaux et à la pointe. “Derrière notre démarche “Made in France”, il y a effectivement une intention de relocaliser une partie de notre production en France. Nous sommes conscients que les coûts de main-d’œuvre en France sont plus élevés, mais notre objectif est de préserver la qualité exceptionnelle de la fibre de cachemire. Par conséquent, nous avons décidé d’exploiter le savoir-faire français et de contribuer au renforcement de cette expertise.”
Lien vers le site Bompard
Bompard valorise aussi le savoir-faire artisanal français
Le retour à la fabrication française chez Bompard n’est pas uniquement incarné par le tricotage 3D. Un deuxième volet, baptisé “Longue Vie du Cachemire”, s’appuie, lui, sur un savoir-faire manuel et artisanal d’exception. Longue Vie du Cachemire est un service à travers lequel la marque se propose de réparer les pulls usés ou troués. “Ce travail effectué par des remailleuses à la main s’appelait historiquement ‘le raccoutrage’. Il ne s’agit pas simplement de prendre du fil pour recoudre un accroc. Elles re-fabriquent chaque maille, elles reforment chaque aiguille et chaque boucle“, précise fièrement Marlène Villemont-Reyt. Un travail d’orfèvre réalisé par des spécialistes de la maille dans les locaux de Bompard, à Paris. Le dispositif Longue Vie du Cachemire a de multiples atouts : au-delà de l’enjeu de relocalisation, il permet de faire durer ses vêtements plus longtemps, avec tous les bénéfices environnementaux que cela entraîne.
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