La précarité menstruelle est un sujet peu abordé, non seulement parce qu’il est tabou, mais aussi car on ne réalise pas toujours la place qu’il occupe encore aujourd’hui en France. Pourtant, ce problème sanitaire et sociétal est au cœur des revendications féministes, car il est source d’inégalité et peut être très dangereux pour les personnes menstruées qui en souffrent.
Qu’est-ce que la précarité menstruelle ?
Timidement, le sujet commence peu à peu à prendre de la place dans les débats publics, et la politique française semble même s’y intéresser.
La précarité menstruelle, c’est le fait que de nombreuses personnes qui ont leurs règles chaque mois n’ont pas les moyens de se payer des protections périodiques.
Quels risques encourent les personnes qui la subissent ?
Cette précarité entraîne énormément de conséquences négatives pour ces personnes : si elles sont jeunes, elles manquent parfois des jours d’école, et si elles travaillent, elles ne peuvent parfois tout simplement pas s’y rendre.
Le manque d’argent pour “ s”offrir “ des protections périodiques crée aussi des risques de santé : au lieu de changer son tampon toutes les 4 heures (c’est ce qui est recommandé pour ne pas risquer une infection), on le garde toute la journée parce qu’on en a pas d’autre. Cela peut aussi engendrer des mycoses et autres infections, par exemple parce qu’on utilise du papier toilette au lieu d’une serviette, ce qui assèche cruellement la flore vaginale, surtout si le papier toilette est traité chimiquement, voire parfumé.
Quid de la précarité menstruelle en France ?
C’est en sujet encore tabou, simplement parce que lorsqu’on parle de précarité menstruelle, on imagine pas que cela ait cours en France : et pourtant, on peut lire sur le site du Ministère de l’Enseignement que dans notre pays, 1,7 millions de personnes menstruées n’ont pas les moyens de se procurer des protections périodiques comme elles le souhaiteraient. Si en 2015, la France décidait d’abaisser la TVA sur les produits menstruels pour la faire passer de 20% à 5,5%, force est de constater que cela reste un produit de luxe pour beaucoup d’entre nous. En effet, si l’on fait une estimation, en se basant sur un cycle moyen de 4-5 jours avec un flux normal, on peut facilement dépenser entre 10 et 30 euros par mois rien que pour cela (j’inclus les anti-douleurs, les culottes massacrées). D’ailleurs, vous pouvez estimer combien vous ont coûté vos règles depuis le début grâce à ce petit outil publié par Le Monde.
Heureusement, grâce aux mobilisations féministes, les protections périodiques seront distribuées gratuitement dans les universités françaises à la rentrée 2021. Le fait que le sujet rentre dans le débat public est un bon signe quant à la fin du tabou sur les règles.
Néanmoins, beaucoup de clichés perdurent et le sang menstruel fait encore débat. Vous vous souvenez du tollé qu’avait suscité la publicité Nana Viva la Vulva ? Il n’y a qu’à lire les commentaires sous la vidéo disponible sur YouTube : on crie au scandale parce qu’une vulve, représentée métaphoriquement par des cupcakes, apparaît à l’écran, et qu’on y montre du sang … rouge ! Pour cela, le livre Sang Honte, qui paraît aux éditions Kiwi le 11 Mai, peut vous aider à décomplexer et envisager nos règles autrement !