Les nouvelles internationales ne sont pas toujours réjouissantes. Le contexte écologique, économique et politique actuel peut être anxiogène pour beaucoup d’entre nous. C’est dans ce climat que certain·es se lancent dans l’aventure de la parentalité. Comment éduquer un enfant de manière non violente, alors que la violence est omniprésente dans la société ? Comment parler d’écologie avec un enfant sans générer de l’anxiété ? Après avoir échangé avec Bettina Zourli, child free, Samuel du compte instagram @samuelclt nous parle de son expérience. Père de Gaspard, 4 ans, lui et sa femme Léa, connue sous le pseudonyme @jenesuispasjolie, n’ont pas suivi le schéma classique de la parentalité, pourtant bien ancré dans l’imaginaire collectif. Sur Instagram, Samuel a d’abord partagé son quotidien de père au foyer. Aujourd’hui, son contenu est plus diversifié : il aborde différents sujets, prônant l’éducation non-violente, la parentalité bienveillante, l’écoute des émotions des enfants. Même s’il existe autant de façon d’élever un enfant que de parent, Samuel donne des pistes de réflexion pour une éducation positive, en prenant pour exemple des situations concrètes du quotidien.
Une parentalité hors normes
Ensemble depuis leurs 15 ans, Léa et Samuel se sont mariés à 19 ans, avant de devenir parents par choix, bénéficiant d’une stabilité financière. L’arrivée de Gaspard dans leur vie n’a pas vraiment surpris leur entourage. Jeunes parents, ils n’ont pas hésité à remettre en question les schémas éducatifs traditionnels pour faire les choses à leur manière.
Père au foyer, un rôle qui bouscule le modèle patriarcal
Reproche-t-on souvent à une mère de passer trop de temps avec son enfant et à un père de trop travailler ? En allant à contre-courant de la logique patriarcale, Samuel et Léa bousculent les idées reçues, suscitant des réactions révélatrices de nombreux préjugés autour du rôle du père.
Lorsqu’il a choisi délibérément d’arrêter ses études de médecine pour se consacrer à l’éducation de son fils, Samuel a dérangé celleux qui pensent encore que c’est à l’homme de travailler pour assurer la sécurité financière du foyer, sous peine de porter atteinte à sa virilité. Sur son compte instagram @samuelclt, il encourage chacun·e à remettre en question ces à-prioris, pour faire évoluer les mentalités face au rôle de père au foyer. À contrario, Léa, working girl assumée qui jongle entre sa marque et son métier d’influenceuse, a elle aussi été critiquée car jugée trop peu présente auprès de Gaspard, mettant en lumière une injonction sociétale : la pression culpabilisatrice qui pèse sur les mères ambitieuses et passionnées qui consacrent beaucoup de temps à leur travail.
L’école à la maison, un manque de sociabilité pour l’enfant ?
En France, l’instruction est obligatoire à partir de 3 ans. Jusqu’à cet âge, Samuel et Gaspard ont expérimenté “l’école à la maison”, même si cela n’était pas déclaré officiellement en raison du bas âge de Gaspard. Un des arguments que l’on entend le plus souvent lorsque l’on évoque l’école à la maison est que le besoin en sociabilisation de l’enfant n’est pas respecté. Samuel dément cette idée, en expliquant qu’au contraire, cette expérience enrichissante a permis à Gaspard de s’ouvrir aux autres et à la nature. Grâce à des groupes d’instruction en famille rencontrés sur internet, Samuel et Gaspard ont pû faire de nombreuses rencontres, ce qui leur a permis d’être au contact des familles diverses en termes d’origines sociales et de mode d’éducation. Ainsi, Gaspard a été au contact d’une grande diversité d’enfants et a pu rencontrer des adultes, ce qui lui permet aujourd’hui d’avoir un rapport serein avec eux.
À son troisième anniversaire, la question s’est posée, entre continuer l’école à la maison, qui est aujourd’hui compliquée à mettre en place et demande une déclaration officielle, ou trouver une école. Léa et Samuel ont opté pour une structure éducative en accord avec leur philosophie éducative, afin que Samuel puisse se consacrer à ses engagements sur les réseaux sociaux.
Parentalité et écologie
L’arrivée d’un nouvel enfant, source de questionnements écologiques
L’arrivée d’un nouvel enfant est souvent source de questionnements face aux enjeux climatiques (et géopolitiques), guidée par une envie qu’ils héritent d’un monde durable. Les jeunes parents sont souvent volontaires pour mieux consommer et partisans de l’économie circulaire en proposant à leurs enfants des vêtements, jouets et un environnement sain. Paradoxalement, ils ont également eux des contraintes budgétaires, de praticité au quotidien et surtout de temps. La naissance de Gaspard a poussé Léa et Samuel à s’engager encore plus. Ainsi, Léa a créé la marque Cracotte, qui propose des produits self care et home care responsables, pour aider les consommateur·ices à évoluer dans cette direction au quotidien. Samuel, quant à lui, a passé un cap militant, en s’engageant politiquement.
Concilier convictions écologiques et nécessité de produits pratiques
Samuel et Léa tentent au quotidien de consommer bio et local, de manger moins de viande et plus de végétaux, par exemple. Au-delà de l’alimentation, il existe une multitude de réflexes que les jeunes parents peuvent mettre en place pour simplifier leur quotidien, soulager leurs porte monnaie et alléger leur empreinte carbone. En voix trois :
- Les couches lavables et réutilisables : C’est l’un des premiers éléments sur lesquels peuvent agir les jeunes parents, étant donnée la quantité de couches nécessaires au quotidien.
- Le transport : Emmener son enfant se balader à pied ou à vélo, sur des distances raisonnables, est un moyen efficace de réduire son empreinte carbone sur de courts trajets et de proposer un activité sportive.
- Les vêtements : Si l’on prend en compte le rythme de croissance des enfants, acheter des vêtements neufs est un non-sens écologique. Les solutions les plus éco-responsables sont de faire le tour des parents autour de soi, d’acheter des pièces de seconde main (quand les enfants grandissent, les friperies sont également le lieu idéal pour trouver des costumes et déguisements originaux !), ou encore des sites de location, qui proposent des vêtements à louer et échanger selon la croissance de l’enfant.
La question de l’allaitement
Le choix de l’alimentation de l’enfant est propre à chacun, et ne dépend pas que de la volonté des parents. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) préconise un allaitement jusqu’à deux ans, mais seulement 56 % des enfants nés en France en 2002 ont été allaités au sortir de la maternité, ce qui est faible comparé aux autres pays européens. [1]. Ce mode d’alimentation est pourtant le plus écologique qui soit. Alors que les préparations alimentaires pour nourrisson sont des produits synthétiques, incluant potentiellement des protéines animales et emballées dans des packagings non recyclables, le lait maternel ne génère aucun déchet !
Parler d’écologie avec un enfant
Depuis plusieurs années, les notions d’écologie et de développement durable fleurissent dans les manuels scolaires, dès l’école élémentaire. Alors que l’écologie est au cœur des enjeux contemporains et qu’une prise de conscience collective s’opère, comment sensibiliser les enfants sans les alarmer et développer chez eux une éco-anxiété (lien éco-anxiété) ? Voici comment Samuel procède avec son fils :
- Lâcher prise : Et si on inversait les rôles ? Dans certains domaines, ce sont les parents qui ont le plus à apprendre de leurs enfants, et non l’inverse. Selon Samuel, les enfants ont naturellement conscience des enjeux écologiques en découvrant le monde et la biodiversité qui les entourent. En tant qu’espèce, prendre conscience de la biodiversité nous permet de survivre, c’est pourquoi les enfants ont un fort intérêt pour les animaux et la nature. Un enfant qui met ses mains dans la terre ne commet pas “une bêtise” mais cherche à comprendre le sol. Alors qu’à l’âge adulte, on se coupe trop souvent des espèces avec lesquelles on cohabite, notamment en raison de l’urbanisation, un enfant peut passer des heures à observer le fonctionnement d’une fourmilière.
- Montrer : Montrer l’exemple a parfois plus d’impact que les mots. Le simple fait de trier ses déchets en tant qu’adulte, de limiter le gaspillage ou encore de se déplacer à vélo permet aux enfants d’intérioriser les habitus d’un comportement responsable.
- Informer : Pour aider un enfant à se forger une opinion propre, il est nécessaire de lui donner tous les éléments pour comprendre et prendre des décisions en connaissance de cause. Le vocabulaire que l’on emploie volontairement pour se déculpabiliser peut par exemple être source de confusion pour l’enfant : On mange “du porc” mais on va s’attendrir devant un “cochon” à la ferme. On observe les “vaches” dans les champs, mais c’est “un steak” qui se trouve dans notre assiette. Pour que l’enfant comprenne d’où vient la nourriture qu’il mange, il est nécessaire de lui expliquer que le steack qu’il mange provient d’une vache qu’on a tué et découpé pour la manger.
Références
[1] https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/allaitement.pdf
Super intéressant ce témoignage! Je suis Léa, Samuel et Gaspard sur les réseaux et je trouve ce modèle de famille et de vie super inspirant ! Bientôt maman de mon premier, je n’aurais vu aucuns inconvénient à ce que ce soit le papa qui reste au foyer pour s’occuper de notre fils. Malheureusement pour des questions financières, je gagne moins bien ma vie que lui, il reprendra lui le travail… quel dommage. Nous sommes encore très en retard sur la maternité, la parentalite au sens large et les aides sont… ridicules… 400€ d’aides si l’ont veut rester auprès de son enfant contre un salaire et sur une période de 6 mois… bref !! Merci pour cet interview et merci Samuel et Léa
Merci Lexane pour ce super témoignage ! Plein de joie pour le futur 🙂