Luxe. 4 lettres dans lesquelles on peut aussi bien ranger un sweater Suprême qu’un flacon de parfum ciselé et doré à l’Or fin, un sac industriel Balenciaga en plastique ou une robe Dior Couture aux 800 heures de travail. Des luxes. Le luxe ultime est peut-être et sans doute aujourd’hui immatériel : une heure de silence absolue dans une ville en furie, un pays en paix dans un monde en guerre, un moment à soi déconnecté·e des réseaux. Devant la difficulté de traiter ce sujet si vaste et si dépendant des goûts et de la culture de chacun·e, nous avons choisi un fil rouge pour la sélection du jour : ici la notion de “luxe” ne tient pas compte de la notoriété de la marque, elle s’applique à rechercher des critères d’éthique de confection, de respect de l’environnement et d’un rythme de création lent. Si l’esthétique entre évidemment en compte, elle reste subjective, c’est pourquoi notre attention sera portée davantage sur la qualité des pièces présentées, laissant à chacun·e la possibilité de faire parler ses émotions devant ces créations, sans avoir à se soucier des engagements que l’on aura, au préalable, validé (car la confiance, aussi, est un luxe en 2022).
5 créateurs et collectifs de designers de luxe responsable ultra design
Oblique
Oblique est une marque néo-futuriste, idéaliste, qui développe des collections féminines entre innovation et développement durable.
Chaque collection est imaginée dans un futur lointain, un univers fictif, une utopie. Cette jeune marque est fidèle à cet ADN écrit avant son lancement, présentée à The Good Goods au détour d’un salon de mode en septembre 2018.
L’obliquité symbolise un biais, une tangente, une forme d’opposition au fonctionnement classique du système de la mode, au rythme non soutenable et aux conséquences écologiques néfastes.
Oblique crée des pièces d’extérieur, vestes et manteaux, comme des structures architecturales en mouvement, comme les bâtiments d’un futur durable à forger.
Mouvements graphiques et volumes amples dialoguent avec des coupes et des couleurs simples. Chaque matière, naturelle biologique ou recyclée, est certifiée, tout comme les teintures et les ateliers de confection au Portugal, présentés sur le site avec une transparence totale sur le degré de traçabilité. La marque produit une faible quantité de pièces, valorise les chutes et limite les packagings au maximum.
GAMUT
Gamut est une marque parisienne collective. Cette jeune griffe de prêt-à-porter crée à l’instinct mutualisé de plusieurs designers et d’un photographe, le tout sans ascendant créatif, travaillant ensemble comme un label de musique.
Toutes et tous diplômé·e·s de La Cambre, académie de mode bruxelloise renommée, iels travaillent à Paris en tant que stylistes et consultant·e·s indépendant·e·s et au sein du label. Dans cette famille recomposée, la création est partagée entre pôles de compétences (homme, femme, maille, etc.), mais chaque pièce passe par le regard des autres membres de Gamut qui est libre de la réinterpréter à sa façon.
Les vêtements sont non genrés, complexes et jouent avec les textures et les accessoires. Plissés, fronces, dentelles, prints, gants et corset : de la pluralité des inspirations de l’équipe naît un vestiaire aussi singulier qu’il est harmonieux, au fil des collections. Le vêtement est monté et démonté à loisir, pour un résultat qui évoque un collage en relief et en mouvement. Tous sont conçus pour le quotidien et souhaités faciles à porter.
Les matières privilégiées sont upcyclées et œuvrent au réemploi de pièces vintage. Les vêtements Gamut sont tous confectionnés dans des ateliers parisiens. Le collectif fait aussi la lumière sur les collaborateurs externes à chaque projet.
Maitrepierre
Alphonse Maitrepierre est le créateur d’un label éponyme, la maison Maitrepierre, qui crée des pièces contemporaines à l’aide de technologies futuristes. L’intelligence artificielle guide en effet le design, notamment les motifs de ses imprimés. Pas de collabs fictives mais une inspiration puisée par exemple chez le 1er artiste robot, Ai-Da, sculptrice et peintre digitale.
Les prints colorés se jouent des volumes et des silhouettes colorblocks sillonnent en grands drapés, signature de la griffe. Les vêtements ont une construction très travaillée, autorisant la complexité dans l’épure, par la présence d’un pli ou d’une spirale sur un pan de toile à l’apparence simpliste. L’exercice de la sophistication appliquée à un usage quotidien.
Alphonse Maitrepierre est diplômé de La Cambre, promotion 2016 et a travaillé en tant que styliste assistant au sein du studio de Haute Couture de Jean Paul Gaultier. Toutes les collections sont imaginées et confectionnées à Paris, à partir de dead stocks de tissus de luxe.
ROMBAUT
ROMBAUT est une marque d’accessoires vegan née engagée pour une création responsable qui n’outrepasse pas le design. Hybrides entre des chaussures et des baskets, ces boots dont aux imposantes semelles semblent avoir réveillé la furie pour les Buffalo® et ont été – victimes de leur succès – maintes fois copiées.
Chaque série est produite en édition limitée, chaque modèle un peu plus singulier et audacieux, tout en étant portable au quotidien, dans des coloris sobres blancs et noirs, parfois déclinés pastels comme ce modèle rose barbe à papa de la boot BOCACCIO II. En utilisant des matériaux luxueux à base de plantes, des fibres recyclées comme l’ECONYL® et des alternatives végétales au cuir de haute qualité, comme le cactus Desserto® ou l’Apple Skin®, ROMBAUT crée des baskets uniques et inscrites dans la durée par leur robustesse et leur design.
Mats Rombaut est né à Gand en Belgique en 1987, c’est un créatif multidisciplinaire basé à Paris, France. Il a été formée au design de mode à Barcelone, en Espagne à l’univers plus spécifique de la chaussure chez Lanvin et Damir Domae.
Conner Ives
Conner Ives, est, à seulement 25 ans, un designer que Kylie Jenner et Rihanna s’arrachent.
Diplômé de la Central Saint Martins de Londres. Il était encore étudiant lorsque s’est présentée à lui l’opportunité de créer la robe de Natalia Bryant pour le Met Gala 2021.
Ce créateur est d’origine américaine, une identité et une culture qui l’inspirent pour ses collections, également inscrites dans une démarche de responsabilité environnementale. Conner Ives privilégie le réemploi de matières vintage et de vêtements invendus chez des détaillants, le tout métamorphosé par une confection artisanale. Lui et son équipe de 10 personnes examinent dans leur studio chaque pièce pour un contrôle qualité, un par couleur, la deécoupe et l’assemblage.
Chaque pièce requiert du temps long pour sa confection et porte la nostalgie des années 2000, incarnant symboliquement une époque insouciante révolue, tout en souhaitant confectionner des vêtements à transmettre, chérir et réparer, loin du consumérisme effréné qui était la norme à l’époque.