Une marque peut-elle apporter autre chose à la société que des produits ? De la tolérance, de la cohésion sociale, des vêtements qui respectent le corps et font du bien au mental… vers un monde qu’on souhaiterait voir advenir ? Bertille Isabeau est une maison de lingerie qui propose une révolution douce. Des ensembles, des bodysuits et débardeurs en coton biologique et dentelle, intégralement made in France, vecteurs d’engagements féministes, LGBTQIA+ friendly et de décomplexion de nos rapports aux corps. Tous beaux et riches de leur diversité. Leçon d’inclusivité et d’excellence de la façon, à l’occasion du lancement de la nouvelle collection.
De New York à Paris, le local est le mot d’ordre
Bertille Isabeau est styliste modéliste, formée à Paris au sein de l’école Mod’Art international, dont elle sort avec le sens du détail et un sens aigu du bien faire. Ce ne sont ni une marque ni les sous-vêtements qui font le socle de sa première vie professionnelle, mais une expérience au sein d’une enseigne de luxe sur l’avenue Montaigne, puis dans la ville de New York en 2014, comme vendeuse dans la première boutique installée sur place par Zadig&Voltaire.
La concrete jungle énergique lui insuffle l’envie de créer sa propre marque. Alors que les silhouettes masculines l’attirent, Bertille constate que les marques dans lesquelles piocher sont légion, en créer une nouvelle ne semble pas raisonnable. En revanche, elle n’est pas entièrement elle-même dans ses sous-vêtements, et ce sentiment semble partagé par plusieurs personnes autour d’elle.
Petites productions et matières biologiques : des engagements présents depuis la première collection
2017 voit naître sa première collection : les fournisseurs sont à Brooklyn, les ateliers Atelier Amelia, connus pour leur savoir-faire et leur soutien aux jeunes designers, confectionnent les premières pièces. Tout est déjà pensé et conçu le plus localement possible et avec des matières biologiques. Un an plus tard, la marque est reconnue et présente sa collection à la Fashion Week de Vancouver. Une pandémie comme une éternité plus tard, Bertille Isabeau s’installe en France pour sa troisième collection qu’elle a assortie d’une vidéo manifeste qui impose ses engagements et sa présence.
Hors de question de prendre l’avion pour faire une production, je veux pouvoir visiter les ateliers en métro. Là où je vis, je produis.
Bertille veut libérer les êtres, les mentalités et permettre à toutes et tous de s’approprier son propre corps en s’émancipant du regard de l’autre. L’intime est devenu un sujet politique et le sous-vêtement le vecteur pacifiste des luttes. Les valeurs d’inclusivité et d’écologie se renforcent.
Des actions concrètes pour une confection responsables
Bertille Isabeau œuvre depuis 2017 pour créer des collections inclusives et durables.
Jersey de coton biologique certifié GOTS, dentelle de Calais & résille OEKO-TEX®, exclusivement noirs, sont les fondamentaux des collections. Toutes les pièces sont aujourd’hui fabriquées à la main à Paris.
Bertille imagine, dessine, puis source seule ses matières, si possible revalorisant des stocks dormants comme chez Nona Source. Elle est seule à temps plein sur la marque. Les sous-vêtements sont ensuite prototypés et confectionnés dans le 18ᵉ arrondissement, atelier Masla, un endroit discret à taille humaine où elle se rend quand elle veut et où tout le monde est salarié.
Le site Bertille Isabeau
La production me coûte plus cher mais je ne veux pas transiger sur la qualité, le savoir-faire ni la localité. Mon but n’est pas de devenir riche mais d’avoir un salaire.
Dès qu’elle peut, Bertille lance une collection en précommande avec un strict minimum de quantités, du XS au XXXL, ensuite adaptée à la demande. Une flexibilité permise par la proximité avec l’atelier. Chaque collection se décline en sept modèles : trois bodies, trois ensembles culottes et brassière / débardeur et un pyjama. Ne pas surproduire est un choix lui aussi écologique et politique, à l’heure de l’ultra-fast fashion, ce qui passe par très peu de collections, des modèles indémodables et des matières durables.
Toutes les chutes de dentelle sont récupérées pour en faire des pochons, de modèles différents et de tailles approximatives, uniques, contenus ensuite dans une enveloppe kraft.
Pour lutter contre les déchets liés au e-commerce, les colis peuvent être envoyés sous plis réutilisables, en partenariat avec Hipli. La solution permet de réduire les émissions carbones de 96% et de diminuer drastiquement les déchets liés aux achats en ligne, suremballés, avec un packaging conçu pour être utilisé 100 fois.
Le site Bertille Isabeau
Un manifeste de marque pour une lingerie féministe et inclusive
Bertille Isabeau souhaite, à travers ses collections, répondre aux besoins de tous les corps en proposant des modèles confortables et de belle facture, fabriqués dans des matières résistantes et accessibles sans condition de genre ou de morphologie. Si les collections sont inspirées de l’architecture brutale de certaines rues de Brooklyn et de tatouages, elles n’en sont pas moins rendues délicates par les matières, les coupes et l’esthétique des campagnes qui les mettent en avant. Bertille travaille ses spots vidéos et ses shootings avec poésie, entourée de celles et ceux qu’elle appelle des icônes, plurielles et belles de leurs diversités.
Le choix de réaliser des plans non chorégraphiés est volontaire. Un parti pris qui laisse à chaque modèle l’interprétation de ses émotions. D’ethnies différentes, qu’elles soient grandes, petites, filiformes ou aux formes affirmées, leurs valeurs et leurs convictions sont communes. C’est la force de la sororité.
L’important est de se sentir à l’aise et pouvoir être qui l’on est, d’où le seul noir pour matcher avec d’autres sous-vêtements, c’est classe et efficace.
Les images Bertille Isabeau ne sont JAMAIS retouchées. Ces personnes connues ou anonymes partagent un militantisme féministe, queer, sans étiquette, libéré des injonctions à être : un corps, une taille, une ethnie, un âge, un genre assigné. Commercialement, cela fonctionne : les crop-tops sont achetés par nombre de personnes masculines et les boxers inversement.
De même pour l’âge, célébré et non dissimulé par la marque : Bertille prend souvent en photo sa mère et s’amuse à voir que, d’une communauté cis à queer, les codes esthétiques diffèrent et par conséquent se déconstruisent facilement, on peut transmettre la normalité d’un milieu queer à un non queer à travers l’esthétique.
Chez les lesbiennes, avoir des cheveux blancs c’est pas un sujet.
Bertille Isabeau s’engage également chaque année auprès d’associations, comme le planning familial ou Act Up Paris.
Le confort est aussi un choix de créateur·ice
Créer des pièces confortables est aussi un moyen d’exprimer le refus de la restriction, de la conformité des corps engoncés dans des push-ups. Il devrait être offert à toutes et tous de se sentir maintenu tout en étant libre, confortable, avec le loisir d’enfiler une brassière le matin pour faire sa journée et enchaîner avec des cours de sport, sans être harnaché·e. Depuis sa création, le souhait de la maison est d’habiller tout le monde. Du XS au XXXL quand cela est possible, et sur-mesure si besoin.
La collection 2023 est voulue basique, proposée à des tarifs abordables, comme une entrée de gamme. Elle est composée de deux coupes de sous-vêtements, l’une fine et l’une près du corps, adaptée aux personnes enceintes. La première brassière est très enveloppante avec un dos nageur, la seconde présente une encolure carrée, pour succomber à l’envie de la porter avec un décolleté.
