O.SLOW, c’est une histoire qui débute avec deux amis d’enfance, effarés de voir l’impact de notre dépendance aux matières issues de la pétrochimie le long des côtes bretonnes. Née à Paris en 2021, la marque propose un vestiaire unisexe aux couleurs douces, et collabore notamment avec des artistes illustrateurs. Une production raisonnée et à l’échelle européenne qui présente un vestiaire contemporain sur la base de matières naturelles ou recyclées. Coton, Nylon ou polyester recyclé, la marque réalise des pièces à la croisée du street-wear et de la sophistication. Rencontre avec Jean-Baptiste, cofondateur de la marque qui nous raconte son histoire, les défis rencontrés ainsi que ses espoirs pour une mode qui peut faire mieux.
L’amitié ou la genèse d’une marque raisonnée
Les fondations O.SLOW reposent sur l’amitié d’enfance entre Jean-Baptiste et Igor. Tous deux ont évolué dans les paysages bretons. Lors d’un voyage en bateau le long des côtes, ils prennent vraiment conscience des dégâts terrifiants du plastique en voyant les étendues de déchets polluants. Cette dépendance à la pétrochimie se manifeste, à la fois au travers de ces sinistres détritus, et bien en amont, au sein même des vêtements qu’eux-mêmes portent notamment les imperméables. Il leur semble dès lors absurde et illogique que la plupart des vêtements portés pour être au contact de la nature soient constitués de matières synthétiques polluantes. Passionnés de vêtements, ils se lancent en 2021 dans la fabrication d’une première pièce phare, l’imperméable, avec toujours en ligne de mire la réduction de l’usage de nouvelle matière et la protection de l’environnement.
O.SLOW est un nom de marque qui se veut équivoque, jouant sur l’idée reçue que la plupart des marques outdoor viennent de pays nordiques et évoquant en clin d’œil la dimension slow fashion de leurs produits.
L’imperméable est un vêtement que l’on porte quand on est en contact avec la nature, mais qui paradoxalement est très énergivore, donc très polluant.
O.SLOW est une marque optimiste qui délivre un message décomplexé sur la mode. Jean-Baptiste nous explique qu’il est important pour eux de considérer qu’ils ne sont pas les seuls à entamer ce combat pour une transition de l’industrie. Ils ne sont ainsi pas dans une posture de compétition avec d’autres marques, mais veulent porter leur pierre à l’édifice du mouvement d’une mode plus raisonnée. Le but est de laisser à chacun le choix de se laisser happer par la curiosité et de faire comprendre, sans faire culpabiliser, que la transition de l’industrie de la mode est un sujet qui nous concerne tous·tes.
On veut créer des vêtements durables dans le temps, intemporels à l’inverse de la fast fashion.
Une volonté de faire mieux, non pas sans contrainte
Dès son premier prototype, la marque a voulu s’assurer de la recyclabilité du produit. Une tâche plutôt complexe, en particulier dans le cas d’un vêtement technique. Pour cela, il était tout d’abord essentiel de composer la pièce d’une unique matière. L’imperméable est alors composé d’une membrane extérieure, une membrane imperméable intérieure, ainsi qu’un backing, c’est-à-dire une couche intérieure qui préserve la résistance du vêtement. Le coût et la disponibilité des prestataires capables d’exécuter ces assemblages complexes à partir de matière recyclée est élevé, eu au départ supporté intégralement par la marque.
Ces savoir-faire étant rares, de la transformation de la matière à la confection, l’équipe décide de mettre en relation différents ateliers, faire l’intermédiaire entre les différentes parties prenantes, une mission ô combien formatrice, pour permettre aux bonnes pratiques de se développer.
L’imperméable est un produit relativement technique. Nous, ce que l’on voulait, c’était de s’assurer de la recyclabilité de nos produits en les composant d’une seule matière.
Des matières naturelles ou recyclées
Chez O.SLOW les gammes de produits sont divisées en fonction de leur matière. On retrouve notamment la collection qui comprend les pulls et les t-shirts, composés à 50 % de coton recyclé et 50 % de coton biologique certifié GOTS. Malgré les efforts pour faire mieux, Jean-Baptiste regrette encore l’impossibilité de ne pas pouvoir composer des pulls en 100 % coton biologique recyclé. Ainsi, il est encore nécessaire d’ajouter de la matière neuve en raison de la fragilisation des fibres de coton dans le processus de recyclage.
Pour composer les bombers c’est le nylon issu à 100 % du recyclage qui est utilisé. On retrouve le polyester recyclé utilisé pour apporter de la légèreté au modèle imperméable. Même s’il faut rajouter de la nouvelle matière, O.SLOW s’efforce au maximum d’insuffler des fibres recyclées dans ses pièces. La marque s’engage à ne jamais mélanger des matières synthétiques avec des fibres naturelles, ce qui rendrait le recyclage quasiment impossible. Après de nombreuses recherches, rencontres et échanges, la marque réussit à trouver des fournisseurs au Portugal qui ont su les aiguiller vers des ateliers spécialisés dans le nylon et le coton recyclé. Grâce à cela, O.SLOW a su mettre en place une chaîne de production à l’échelle européenne entre la France, le Portugal et l’Italie. En somme, l’intégralité des tissus biologiques et recyclés est produite dans des pays frontaliers, pour être ensuite assemblés non loin de Porto.
En faisant le choix de ne pas mélanger les matières et en évitant le traitement chimique de nos textiles, nous pouvons ainsi les réinjecter dans le circuit.
Faciliter le processus de recyclage et la réparation pour désimpacter le vêtement
La marque conscientise la dernière étape du recyclage dès la conception de la matière. Elle indique notamment sur les fiches produits de son site un indice de réparabilité en fonction des matières. Par ailleurs, O.SLOW intègre également les services du prestataire de réparation, Les Réparables, afin d’instaurer les bonnes pratiques dans les mœurs des client·tes. Une catégorie seconde main sera bientôt introduite en partenariat avec NOPLI, dans le but de minimiser autant que possible le gaspillage textile.
Finalement, le but est de permettre à chacun·e de trouver la pièce qui lui correspond, de la pièce la plus basique, à la plus originale.
Le style n’est pas en reste chez O.SLOW
Un partenariat créatif avec Leona Rose, une artiste inspirée par la nature luxuriante
Côté style, O.SLOW est un mélange de coupes urbaines oversize et de douceur. Cette délicatesse se retranscrit dans la qualité des tissus et dans des couleurs qui rappellent des éléments naturels : crème, gris ou encore un noir profond. Une colorimétrie qui tend à rendre chaque pièce intemporelle et aisément adaptable à tous les styles. Pour un style plus affirmé, O.SLOW collabore avec différents artiste·te·s aux univers divers. La première collaboration en date invite l’artiste Leona Rose qui a réalisé en exclusivité pour O.SLOW le dessin artistique d’une végétation généreuse et joyeuse, retravaillé par la suite en sérigraphie, en couleurs, en monochromes, ou encore en broderies. Leona Rose est une jeune artiste française qui a fait des compositions colorées et animalières, son esthétique signature.
C’est au cours ces études de commerce dans l’immobilier, qu’elle s’engage en parallèle à suivre des cours du soir aux Beaux-Arts. La révélation se fait et elle réussit à se créer une identité forte, qui gagne sous peu le cœur de son audience sur les réseaux sociaux, comptabilisant ainsi plus de 200 000 abonné·e·s. Léona imagine un univers graphique haut en couleur, mais qui se joue d’univers apaisant et optimiste, qu’elle tire de ses voyages autour du globe. Cette identité forte se voit magnifiquement réinterprétée dans les lignes minimalistes de O.SLOW, évoquant un sentiment d’évasions par ses créations. Enfin, la marque isole certains éléments du design pour l’intégrer sur les pièces de manière subtile. Elle est également une artiste engagée, notamment en réalisant des projets artistiques auprès d’associations, comme la confection de peintures murales dans les orphelinats ou des ONG lors ses différents voyages.
Ce que j’apprécie avec ces produits, c’est qu’ils puissent être portés de manière très différente.
Le minimalisme nous va si bien
Pour Jean-Baptiste, on peut, par exemple, jouer sur les nuances de tons. Comme avec le pull crème, un pantalon beige et une paire de baskets (écoresponsables bien sûr.) On peut aussi jouer avec le gris ou la couleur olive qui s’associent bien avec des tons crème ou des tons gris pour le bas. Les tons monochromes sont toujours la garantie d’une allure harmonieuse tout en conservant une valeur émotionnelle au vêtement. Il apprécie par ailleurs le jeu avec un sweat-shirt sérigraphié dans le dos, associé à un jean bleu brut.
Des vêtements bien faits pour tous·t·es
O.SLOW se positionne comme une marque unisexe pour ainsi s’adresser à tous les profils. On peut par ailleurs jouer avec les looks de différentes façons, le pull peut alors se porter deux tailles au-dessus, en oversize ou beaucoup plus cintré, en fonction des client·e·s. Bien que l’on pense que les vêtements genrés sont davantage des dogmes culturels, acheter un vêtement unisexe, c’est aussi faciliter la possibilité de trouver de nouvelles·aux acquéreur·euse·s.
Une remise en question vertueuse
Pour la suite, Jean-Baptiste ambitionne de collaborer avec d’autres artistes. Il espère également pouvoir développer une collection entièrement upcyclée ou travaillée avec des stocks dormants, mais également des matières plus nobles telles que la laine et le cachemire recyclés. Le créatif évoque notamment l’envie de proposer prochainement des pulls ainsi que des hoodies dans des matières upcyclées.
La marque délivre un message pédagogique tant sur son site que sur Instagram. Le but n’est pas de faire seulement de la mode, mais d’en réinventer la manière. O.SLOW ambitionne de permettre à sa communauté de voter pour sa prochaine donation, en collaboration 1 % For The Planet.
J’adorerais développer une gamme totalement produite en France. Cependant, nous voulons tout de même faire en sorte de conserver une gamme de prix abordable.
Super article qui traduit bien les valeurs de la marque 🥰