Nous portons du pétrole, nos aliments en contiennent, il compose les peluches et jouets des enfants, la base des cosmétiques, engrais et pesticides, nos habitats et les objets qui nous entourent… On le retrouve aussi dans nos corps sous forme de microparticules [1,2] et les conséquences sur notre santé et le Vivant restent sous-estimées [3]. Cette seule introduction est-elle asphyxiante ? Alors le message est passé. C’est aussi celui porté par la puissante campagne Woolmark® qui fait appel à notre bon sens pour promouvoir la laine, une matière naturelle, renouvelable, disponible, écologique et technique. Pour notre santé comme l’environnement, nous devons porter plus de laine que de pétrole. Une minute sur Youtube vaut mieux qu’un long discours. Décryptage.
Mode et polyester, un amour toxique depuis les années 50
L’omniprésence des matières synthétiques
La part des matières pétrochimiques a depuis longtemps dépassé celles des matières naturelles dans le textile, aujourd’hui évaluée à environ 64% [3], et ne cesse d’augmenter. Cette matière était initialement miraculeuse par son abondance, sa versatilité et son faible coût au sortir de la seconde guerre mondiale, elle s’est aussi immiscée dans nos vies jusqu’à se rendre indispensable. Les deux-tiers de nos garde-robes en sont composées, ainsi que les emballages de nos vêtements et les apprêts sur les matières techniques, l’outdoor en est presque entièrement dépendant.
Pourtant, le rapport jetable que nous entretenons à la mode depuis l’ère de la fast fashion nous dédouane de nous intéresser à nos vêtements. A titre d’exemple, “Huit personnes sur dix ne savent toujours pas que les tissus synthétiques sont dérivés de combustibles fossiles » déclare le Directeur général de Woolmark John Roberts. Ainsi ces quantités de plastiques sont-elles aussi discrètes que faramineuses. The Woolmark Company®, utilise des données clés et des images qui illustrent l’ampleur de notre réalité : “Toutes les 25 min, la production de vêtements synthétiques utilise l’équivalent d’une piscine olympique de pétrole”.
Notre regard est suspendu, en apnée, devant la représentation effective d’une industrie et d’un consumérisme qui nous rendent malades. Selon The Woolmark Company®, la production de fibres synthétiques représenterait actuellement 1,35 % de la consommation mondiale de pétrole, ce qui dépasse la consommation annuelle de pétrole de l’Espagne.
Le site Woolmark®
Des conséquences largement sous-estimées sur la santé et l’Environnement
L’humanité a déjà introduit une quantité massive de plastique dans les environnements atmosphérique, terrestre et aquatique, rendant les déchets plastiques si omniprésents qu’ils pourraient même être identifiables pour les générations à venir, sous forme fossilisée. En plus d’avoir un impact sur des écosystèmes entiers, leurs conséquences sur la santé sont encore mésestimées [6].
Selon une étude du Marine Biology and Ecology Research Center (MBERC) en Angleterre, la charge plastique dégagée par les vêtements en fibres synthétiques (polyester, polyester-coton et acrylique) qui finit dans les eaux usées, s’élève à plus de 700 000 microparticules, par machine individuelle par foyer [7].
Les conséquences possibles sur la reproduction, la grossesse et le développement des enfants à venir sont sous-estimées. Les scientifiques déclarent que ces microparticules peuvent véhiculer des produits chimiques toxiques, susceptibles de causer des dommages à long terme sur l’ADN (ce qui est le point de départ des cancers) ou encore de perturber la croissance ou le bon développement du système immunitaire.
Côté environnement, d’énormes quantités de déchets plastiques sont déversées dans l’environnement et les microplastiques contaminent chaque espace, du sommet du mont Everest aux océans les plus profonds [10]. Le vent et les pluies en apportent jusqu’au cœur des parcs nationaux protégés et des zones réputées les plus sauvages.
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Les bénéfices de la laine
Réduire l’empreinte déjà faible de la filière laine et œuvrer pour la circularité
The Woolmark Company a réalisé la première étude au monde d’évaluation du cycle de vie complet (ACV) des fibres textiles de la chaîne d’approvisionnement de la laine, qui met en évidence les défis auxquels l’industrie est confrontée pour améliorer son empreinte environnementale. Ont notamment été mesurées : les émissions de GES, la dépendance aux combustibles fossiles, l’acidification et l’utilisation des eaux, et l’utilisation des terres. En tant que fibre la plus utilisée est recyclée de tous les types de textiles, la laine a une durée de vie au moins 50 % plus longue que les autres types de fibres. Les résultats de ces ACV ont donné lieu à des modifications structurelles des filières pour réduire leur empreinte carbone.
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La laine est la plus circulaire des matières textiles
En boucle fermée (de la mode à la mode) ou en boucle ouverte (de la mode à une autre industrie), la laine est facilement recyclable lorsqu’elle est utilisée en mono matière (un exemple ici avec SAINT JAMES x LATER…), peut être triée par couleur et ainsi, ne requiert pas de teinture – supplémentaires, comme par exemple chez La Mécanique du Pull. La laine est également une matière biodégradable et l’une des premières à faire l’objet de conversion des élevages vers un système régénératif… Une fois enterrées, les fibres libèrent des nutriments dans le sol et, dans les environnements marins.
La laine est une fibre renouvelable, dont les cycles de repousse sont annuels. La tonte est vitale à l’animal et peut-être faite sans mulesing ou dans des conditions qui respectent l’animal. Les moutons vivent généralement sur des terres non utilisées pour la culture de cultures vivrières, élevés en liberté dans le maintien de la biodiversité.
C’est également une matière durable dans le temps, en témoigne la qualité de nos meilleures pièces vintage, et qui requiert peu d’énergie pour sa transformation.
Autant d’arguments pour l’introduire massivement dans nos garde-robes du quotidien comme techniques, en témoigne l’adoration de Mike Horn pour les produits ice breaker lors de ses excursions aux confins du globe.
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Une campagne plaidoyer à destinée des marques et des consommateur·ice·s
Cette campagne s’adresse à tout le monde, invitant les consommateur·ice·s comme les marques à faire des choix et prendre position en faveur des fibres naturelles et renouvelables.
Pour les marques
Un changement sociétal est d’abord à mettre en mots, et les marques ont une brandprint (sous-entendu, une identité et un positionnement de valeurs), autant qu’une footprint (une empreinte carbone), à assumer [5]. The Woolmark Company® est une entreprise à but non lucratif qui mène des activités de recherche, de développement et de commercialisation tout au long de la chaîne d’approvisionnement mondiale de la laine australienne, pour le compte d’environ 60 000 producteur·ice·s de laine qui contribuent à son financement. Elle est également chargée de promouvoir son usage et son bon entretien auprès du grand public. A travers cette campagne, elle engage l’ensemble des collaborateurs à transmettre un message commun sensé et à valoriser une matière naturelle, écologique et renouvelable.
Pour les citoyen·ne·s
En choisissant la laine, on valorise une matière vertueuse et durable dans le temps, facile à entretenir et qui n’a pas besoin d’être lavée souvent. Le point de départ de votre engagement ? Un simple coup d’œil sur l’étiquette. Choisir des fibres naturelles plutôt que des fibres synthétiques peut faire une énorme différence dans la protection de nos terres, de nos cours d’eau et de nos océans contre la pollution.
Le vêtement a-t-il été fait pour durer ? La pièce est-elle un classique intemporel qui peut être porté, re-porté, réparé ou recyclé ? Si la réponse est oui, alors vous savez qu’à l’avenir, moins il sera fabriqué, acheté et gaspillé.
Le site Woolmark®
Produire mieux, acheter moins et vérifier les étiquettes. Un militantisme intelligent et fédérateur qui dérange élégamment l’industrie de la fast fashion, par le seul bon sens et une production efficace. Pas besoin de formules ou de greenwashing quand les propos font état de la réalité. C’est de cela dont l’industrie de la mode a besoin : des actions simples et sincères aux bénéfices mesurables et soutenables pour notre futur commun.
Références
[3] ANSES
[4] Fashion Fake or Not – Catherine Dauriac
[5] Marques Responsables – Elisabeth Laville
[6] Persistence of Plastic Litter in the Oceans, Andrady, A. L. (2015) In M. Bergmann, L. Gutow & M. Klages (Eds.) Marine Anthropogenic Litter (pp. 57–72). Cham: Springer International Publishing.
[7] Release of synthetic microplastic plastic fibers from domestic washing machines: Effects of fabric type and washing conditions. E.NapperRichard C.Thompson, Marine Pollution Bulletin, Volume 112, Issues 1–2, 15 November 2016, Pages 39-45 doi.org/10.1016/j.marpolbul.2016.09.025