Réduire, recycler, réutiliser et re-valoriser les 4R sont plus que jamais d’actualité en cette période de confinement. Cet article explore le rapport de la France et de l’Afrique à un marché de la seconde main en croissance, selon deux approches très différentes.
Article à 4 mains par le collectif Maibuje x The Good Goods
Vintage, Rétro, Fripes… : Quelques définitions
- LA SECONDE-MAIN : c’est tout objet qui n’est pas neuf quand on l’acquiert, concentrons-nous ici sur le vêtement. Il faut différencier La Fripe du Vintage et du Rétro.
- LA FRIPE : c’est tout vêtement qu’on achète d’occasion, par extension un vêtement qui a déjà été porté. Elle englobe donc le vintage.
- LE VINTAGE : c’est un vêtement dont le style et le mode de fabrication appartiennent à une époque précise de l’histoire, généralement vieux de plus de 20 ou 30 ans lorsqu’on l’acquiert. Il peut encore de nos jours être associé aux noms de grandes maisons, mais ça n’est pas systématique.
- LE RÉTRO : c’est un vêtement dont le Style correspond à une époque, mais produit de façon contemporaine. Une imitation de Style, en somme. Il peut être acheté neuf ou en deuxième-main, aucune authenticité ni qualité garantie.
Les trois premiers incluent aussi bien des pièces chiffons/froissées en boule dans des bacs à l’odeur caractéristique de fleur d’oranger rance, et d’autres exceptionnelles issues de collections particulières jusqu’à la Haute Couture. - LA GRIFFE : quant à elle, désigne la signature d’une pièce par une grande Maison de couture. On parle d’une pièce griffée Chanel, Patou, Dior, Poiret … etc.
Le devenir des vêtements d’occasion
Ces vêtements d’occasion sont revendus ou échangés en circuit court ou long : en ligne, en boutiques, par des associations caritatives, lors de grandes braderies ou de trocs. Ce marché connait un boom phénoménal depuis quelques années (comme l’explique Thomas Delattre à notre micro dans le Sapping) et aujourd’hui les marques déploient elles mêmes des stratégies d’intégration de plateforme de seconde-main pour leur compte. Nous abordons cette question dans le volet 3 ! En chinant, il arrive que l’on tombe sur des pièces neuves encore étiquetées. Plusieurs raisons à cela : le don par un.e particulier.e d’une pièce jamais portée ou un déstockage d’enseigne ayant trop produit de vêtements et pris le parti de ne pas les détruire.
La question du déchet textile
Depuis l’avènement de la fast-fashion et notre habitude installée de surconsommation, nos placards débordent et les montagnes de déchets textiles s’accumulent. L’équivalent d’un camion-benne est jeté chaque seconde, nous portons 30% de notre garde-robe. Les 70% dévalorisés trouvent grâce depuis peu aux yeux des adeptes de Marie Kondo : ils sont triés et cordialement invités à rejoindre les centres de collectes de dons mis en place notamment par le Relais Emmaüs dans plus de 70 000 sites en France. Ensemble, ils assurent plus de la moitié de la collecte des vêtements en France (55%, 3,5kg par personne par an !). Au quotidien, les centres Relais collectent, trient et répartissent plusieurs tonnes de pièces de vêtements, textiles et accessoires. Environ 4% des vêtements sont en bon état et sont destinés aux boutiques. Une grande partie est triée vers un centre de recyclage, une autre est reconditionnée en chiffons, isolants ou combustibles. Grâce à ces procédés de revalorisation, seulement 0,4% de ce gisement total de dons est détruit. Une part est exportée en Afrique, représentant environ 15% des collectes totales annuelles en France.
Le Relais En Afrique
15% des dons collectés sont donc envoyés vers le continent africain. Toujours en partenariat avec Le Relais, ils sont triés localement dans l’un des 3 centres puis revalorisés à leur tour sur un marché propre, actuellement structuré de sorte à participer à l’expansion d’une économie locale et d’un développement d’activité durable. Il est loin d’être insignifiant et représenterait 75 millions d’euros à l’export annuel pour la France et 12,1M€ pour le Bénélux en 2018 selon une estimation des Douanes Françaises.
Le Relais emploie une communauté de 2500 personnes, majoritairement en insertion, dont une partie en Afrique pour gérer ces 15% de dons. Cela représente des emplois stables par exemple au Togo ou en Tunisie, qui sont les deux centres principaux. Mais au fait, qui consomme de la fripe en Afrique ? Y’a t’il comme en occident un engouement récent pour le style rétro et les achats alternatifs au neuf ?