Nous pensons fermement que vous, humains & consommateurs, façonnez la transition sociale des entreprises par désir de mieux investir et vivre dans vos vêtements. Votre avis nous est précieux. Alors chaque mois, on le recueille dans notre boite aux lettres, on vous aide à rédiger puis on partage votre histoire. Comme ça, elle fait écho dans la tête des activistes qui se sentent moins seuls, germe dans celle des profanes pour qu’ils s’instruisent sur le sujet, s’insère dans la stratégie des industriels qui n’auraient pas encore enclenché le changement à leur échelle. Après Céline, Maxine, Victoire et Marie, c’est à son tour de nous raconter son récit.
Quand j’ai arrêté d’être une fashion victime.
Ma consommation de vêtements a longtemps été irraisonnée & déraisonnable. J’achetais des vêtements sans parfois même les mettre, parfois simplement pour satisfaire mes pulsions frénétiques de consommatrice acharnée. Aussi inutile que polluante, cette habitude devait cesser. L’écologie pour moi, c’est comme plein de petites graines que l’on sème dans la tête des gens et à force de les arroser, parfois ils les voient et prennent conscience de la petite graine alors devenue plante et ça leur parait évident. Simple même.
© Rebecca Flattey Art, “The Garden”
La petite graine de la mode responsable avait donc bien grandi dans ma caboche et pour que cette plante donne une fleur* il fallait que je passe à l’action.
Il y a quelques mois de cela, alors en Erasmus en Italie, j’ai décidé d’arrêter de m’habiller en fast fashion ou tout autre marque irresponsable.
Oui mais ! Forcément, consommer mieux exige en général de payer davantage. Pas évident quand votre désir de vêtements paraît être sans fin mais que votre budget l’est moins et que votre perception de la mode éthique se résume à l’image d’un t-shirt blanchâtre & informe en chanvre. Avoir du style sans compromettre sa conscience et la planète c’est possible. La petite graine étant devenue plante la solution m’a paru évidente : la seconde main ! Affectionnant depuis quelques années déjà les friperies et le chinage d’objets d’occasion en tout genre, ayant été initiée par ma Maman à cet art, cette solution était pour moi la plus facile et la plus naturelle. En outre, l’Italie regorgeait de friperies et marchés de seconde main, je n’avais qu’à descendre en bas de ma rue pour trouver mon bonheur.
Lady Bird en plein thrift shopping avec sa maman. Lady Bird, Greta Gerwig, 2017.
Comme moi, de nombreux Français se sont convertis à la seconde main (3 Français sur 10 déclarent avoir acheter au moins un vêtement d’occasion en 20181), par motivation budgétaire ou écologique. En France ce marché pèse 1 milliard d’euros1. À l’échelle internationale, il croit 24 fois plus rapidement que le retail classique2. Avec le temps je me suis prise d’une réelle passion pour le chinage. Quel plaisir de trouver des pièces uniques que personne d’autre n’aura, quelle satisfaction de payer cette blouse en soie « fatto in Italia » le prix d’une ciabatta !
Pour moi, acheter des vêtements d’occasion est la manière la plus écologique de consommer la mode. Une fourrure ou un cuir d’occasion sont toujours moins polluants (et plus beaux) qu’une fausse fourrure en plastique ou un sac en PVC neufs, n’en déplaise aux vegans. Il y a tellement de vêtements sur notre planète qu’on pourrait habiller l’humanité sans produire de nouveaux textiles. L’avantage de la seconde main c’est aussi que tu es sûr de ne pas croiser 15 autres personnes avec le même pantalon à fleurs que toi (#expériencevécue), ton style est aussi unique que ta personne.
“That shirt’s hella dope / And having the same one as six other people in this club is a hella don’t”
Thrift Shop – Macklemore & Ryan Lewis
Golconde, René Magritte, 1953
J’aime aussi imaginer l’histoire de ce vêtement : à qui appartenait-il ? Pourquoi cette personne s’en est-elle débarrassée ? Avec quoi le portait-elle ? Comment ce haut datant de 1910 et fabriqué en Vendée s’est-il retrouvé en 2019 à Lille ? Quelle est son histoire et par où est-il passé ? Quel était le caractère de l’homme ayant acheté cette cravate ? C’était sûrement un homme de goût ! Est-ce un cadeau d’une amante ? Était-il un grand séducteur ? Tant de suppositions & d’histoires à fantasmer. J’apprécie de savoir que mes vêtements ont une histoire à laquelle je participe. Que ma chemise a été fabriquée dans la campagne du Nord de l’Italie pour une riche Milanaise pendant les années 60 et que moi je parcours Paris 50 ans plus tard avec cette même chemise sur le dos. Plus intéressant qu’un t-shirt en polyamide porté 2 fois, fabriqué au Bengladesh il y a 4 mois par Youri, 12 ans et demi et désormais à la poubelle.
Quand je rentre dans une fripe je n’ai jamais d’idée préconçue sur ce que je cherche ou veux. Je laisse mon esprit ouvert à la découverte, prête à profiter au maximum de l’expérience. Je me laisse porter par la découverte. C’est pour moi la meilleure façon de trouver les plus belles pièces. Les friperies sont devenues de véritables terrains de jeux où je laisse ma créativité & mon imagination s’exprimer.
Restreindre ma consommation de vêtements à la seconde main est la meilleure chose qui soit arrivée à mon style. Ma zone de confort vestimentaire s’est élargie naturellement, ma créativité a été boostée et à force d’écumer vides-dressings, salons Emmaüs & friperies tous les weekends, mon placard regorge de pièces aussi magnifiques qu’uniques.
Il est vrai, trouver la taille & la coupe qui vous va peut ne pas être évident en seconde main. Mais ne vous fiez pas à la taille inscrite sur l’étiquette, les tailles anciennes ne correspondent pas aux tailles actuelles et celles-ci varient en fonction des pays. Si ce pantalon est vraiment trop long, n’hésitez pas à aller le faire retoucher chez le couturier du quartier, il vous en coûtera toujours moins qu’un neuf et il sera parfaitement ajusté à votre corps. Vous pouvez aussi vous convertir à l’upcycling, ceinturer cette robe un peu trop large avec une ceinture ou un foulard, cirer ce sac pour lui redonner du brillant, … Bref des solutions existent, plus vous allez être habitué à twister des pièces, plus cela vous sera instinctif.
* J’espère que vous appréciez la métaphore filée de la plante, je rêvais d’être fleuriste étant petite mais étant allergique au pollen, ce glorieux avenir s’est écroulé sous mes yeux.
Que tu sois novice ou chineur professionnel je t’ai préparé une fiche Bristol que tu peux télécharger dans laquelle je t’explique mon procédé ainsi que mes tips de chinage (ce mot a été utilisé beaucoup trop de fois dans cet article) & en dessous je partage avec toi quelques bonnes adresses découvertes au fil du temps.
Mes adresses pour chiner
À Paris
- Ressourcerie l’Alternative, 13 Rue Léopold Bellan, Paris II. Vous pourrez aussi bien y chiner des vêtements que des tasses et des chaises. Vêtements à prix imbattables. Sélection de pièces de créateurs. Lire l’article sur la Ressourcerie.
- La Textilerie, 22 Rue du Château landon, Paris X. De belles pièces, pour femmes, hommes & enfants. La Textilerie met aussi en place des ateliers de couture & DIY pour réparer, customiser ou transformer vos vêtements & tissus. Plus d’infos sur leur site internet.
- Mad Vintage, à l’angle de la Rue du Temple & de Rue de Rivoli (d’autres adresses dans le reste de la capitale). Idéal pour celles & ceux qui n’aiment pas farfouiller. Ici tout est rangé & trié par type de produit, couleur, motif etc, les cabines sont confortables, le choix est large & les prix accessibles.
- Le Salon Emmaüs, généralement à la fin du mois de juin chaque année, Porte de Versailles – Paris Expo.
- Kilo Time, 8 Boulevard de Magenta, Paris X. Beaucoup de choic. Quand il y a peu de monde le propriétaire propose parfois deux articles pour le prix d’un !
- Oh Lumière, 21 Avenue de la République, Paris XI. Beaucoup de souliers & de petis sacs en cuir à prix mini.
À Lille
- Funny Vintage, 124 Rue Léon Gambetta 59000 Lille. Funny organise régulièrement des ventes au kilo au restaurant Mother, à ne pas louper ! Toutes les infos sur leur page Facebook.
- Nostalgie, 57 Rue de la Monnaie 59800 Lille. Dépôt-vente proposant des pièces de créateurs & vintage.
À Toulouse
- Kilostock, 18 Rue de Peyrolières, 31100 Toulouse. Une de mes fripes préférées, j’y passe dès que je rentre en terre sudiste !
- Le Grenier d’Anaïs, 54 Rue de Peyrolières, 31100 Toulouse.
- Emmaüs Saint Aubin, 2 Boulevard Michelet, 31000 Toulouse. De belles pièces à prix très abordable.
À Marseille
- Sepia Swing Club, 38 Rue des Trois Mages 13006 Marseille. Une sélection de belles pièces vintages. La gérante est très sympa.
À Turin
- Kilos Weight Clothing, Via Luigi Tarino, 18, 10124 Torino, Italia. Mon autre friperie préférée, à ne pas manquer si vous passez à Turin ! Large choix de vêtements (beaucoup de chemises en soie made in Italia), accessoires & souliers, pour femmes & hommes. Vêtements au kilo ou à la pièce, prix très raisonnables. Vendeurs très sympas.
- CHA.RLY Vintage & Flowers, Via Giuseppe Pomba, 29, 10123 Torino, Italia.
- HUMANA Second Hand, Corso Vittorio Emmanuele II, 41, 10125 Torino, Italia.
- “Grandissimo Mercatino Solidale”. Organisé par Emmaüs à l’automne, ce salon propose aussi bien des vêtements que des livres & des meubles. De très belles pièces de créateurs & de maisons de couture à des prix dérisoires.
À Milan
- Humana Vintage, Via Cappellari, 3, 20123 Milano, Italia.
1 « Les Français de plus en plus tentés par les vêtements de seconde main », Les Echos.
2 Roxane Baché pour l’ADN.