Le bambou est une matière première dont les fibres peuvent-être converties en textile. Malgré l’apparence écologique de cette fibre naturelle, son procédé de transformation en textile est très polluant, un processus qui grève le bon profil écologique de cette plante à l’étape de la culture.
La culture du bambou : bonnes et mauvaises manières
La culture traditionnelle du bambou est plutôt favorable pour l’environnement. Elle requiert 4 fois moins d’eau que celle du coton, ne nécessite par d’engrais chimiques ou pesticides et est auto-régénératrice : les racines repoussent sans que l’on ai besoin de semer. Son rendement est ainsi 25 fois supérieur à celui de la moyenne des plantation d’arbres. Par ailleurs, elle participe à la régénération de l’air en produisant des quantités d’oxygène également supérieures à cette moyenne.
Tout comme le lin, cette plante est utilisée pour diverses applications (textile, construction, décoration etc) et sa culture en milieu exotique en fait un atout de développement économique pour certains pays émergents.
Ce qui pose problème actuellement, c’est la culture intensive de cette fibre liée à son hyper-exploitation commerciale, et les procédés de transformations de la plante au textile fini.
La culture intensive peut en effet être boostée par des intrants chimiques accélérant la croissance de la plante, et une exploitation exclusive des terres agricoles à ces fins, soit le contraire même du respect de la biodiversité. Très schématiquement, dans une monoculture non rotative, la plante puise sans cesse les mêmes nutriments et épuise le sol qui l’héberge. Par ailleurs, plus l’usage s’intensifie, plus les forêts sont déboisées au profit des terres de culture. Le bambou est indépendant et gourmand en territoire, son expansion est rapide et lorsqu’elle se situe hors de ses terres d’origines. Elle dénature la biodiversité locale (et dépeuple par exemple les animaux habitants dans ces forêts remplacées).
À noter, le premier pays producteur de bambou est l’Inde, suivie par la Chine (majoritairement pour la production textile), puis viennent l’Asie du Sud Est et Afrique (Nigéria, Ethiopie). L’empreinte de la fibre est donc déjà notable dès l’étape de sa culture.
Les propriétés des textiles issus du bambou
Le bambou est une plante naturellement résistante, solide, dont les fibres assurent une légèreté et une respirabilité au textile, tout en étant absorbantes. La matière est douce et confortable, naturellement anti-bactérienne ce qui la rend la matière idéale pour confectionner du sportswear. Elle est également très peu froissable et facile d’entretien. Malheureusement, son image « écologique » n’est pas toujours justifiée, a été massivement utilisée par les marques et prête à confusion aujourd’hui.
La transformation artificielle d’une fibre de bambou
Les fibres de bambou sont rigides, elles ne sont pas utilisables à l’état naturel pour une application textile. On les soumet donc à un processus de transformation en viscose ou rayonne de bambou dont les conséquences écologiques sont importantes. La fibre – même cultivée biologiquement- est d’abord réduite en poudre et transformée par divers procédés chimiques (à l’aide de soude, sulfure d’hydrogène ou encore di-sulfure de carbone) pour en extraire la cellulose, à partir de laquelle est tissé le fil. Ces composants chimiques sont non recyclables et responsables de pollutions aériennes actuellement incompressibles.
D’après le label GOTS : “Pour la plupart des fibres de bambou utilisées dans la production de textile industrielle, le bambou naturel n’est pas utilisé, mais il est mélangé et régénéré dans un procédé viscose/rayonne et peut, par conséquent, ne pas être considéré comme une fibre naturelle ou même biologique, même si la plante du bambou est à la base certifiée biologique dans les champs”. Ainsi, les fibres de bambou peuvent être uniquement utilisées pour la quantité restante tolérée de fibres traditionnelles dans les textiles certifiés GOTS.
La désinformation / les lois d’étiquetage des produits
La promesse d’une fibre écologique n’est donc pas tenue et ne doit pas être un faire-valoir lors de l’étiquetage. La réglementation est stricte dans l’Union Européenne et aux États-Unis [1]. Un fabriquant textile ou de vêtements ou encore un revendeur proposant des vêtements en bambou ne peut utiliser l’appellation « Bambou » que si le produit est directement issu de fibres non transformées en rayonne ou viscose. Cela reste possible dans les matières mixtes, contenant notamment du coton (biologique ou recyclé !) qui assouplit alors la fibre et la rend portable sans ce procédé chimique préalable.
Conclusion
… On la préfère en brosse à dents ou en mobilier qu’à porter !
Références
[1] Structure and property of bamboo fiber – Jiang JianXin & Al – Journal of Beijing Forestry University 2008 Vol.30 No.1 pp.128-132 ref.15
[2] Site Web GOTS
[3] FTC – “How to avoid bamboozling your customers”
[4] Consoglobe
Merci beaucoup pour ces éclaircissements ! Cette fibre qu’on imagine miraculeuse ne l’est pas tant que ça. Cet article remet les choses à leur juste place.
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